En dépit des garanties manifestées par l'Etat, le spectre de l'urne vide semble néanmoins peser de tout son poids. Le spectre de l'abstention aux prochaines élections législatives semble inquiéter les spécialistes, qui ont peur de voir les Algériens bouder le scrutin du 10 mai prochain. Le spectre de l'urne vide semble peser de tout son poids, pourtant les hautes autorités du pays semblent intransigeantes quant à l'organisation d'une élection libre et transparente. C'est ce que l'on peut déduire de la conférence animée, lundi dernier au siège du Centre de recherche sécuritaire et stratégique (Crss) à Ben Aknoun (Alger), par les professeurs en droit constitutionnel Oualid Agoun et Lâayeb Mohammed, spécialisés dans les communications. Ainsi, de prime abord, Oualid Agoun a soutenu que les autorités ont, en effet, donné leur garantie pour l'organisation d'une élection législative libre et transparente. Cela s'explique d'autant plus, poursuit-il, par l'installation d'une commission nationale indépendante de surveillance des élections législatives (Cnsel), composée de représentants de formations politiques, ayant des pouvoirs pour agir et oeuvrer librement dans le cadre de son champ d'action. C'est une première du genre en Algérie, explique l'invité du Crss, ajoutant que la Cnsel constitue un signe fort quant à la volonté effective de l'Etat d'organiser une consultation dans un climat serein. Outre cette commission, le conférencier a également précisé qu'il y a aussi et surtout la neutralité de l'administration décidée et garantie par le Président de la République. Néanmoins, il a fait savoir qu'en dépit des garanties affichées par les autorités, le prochain scrutin législatif sera marqué par une abstention des électeurs. Cette situation d'incertitude est due, selon Oualid Agoun, à trois facteurs essentiels. Le premier est, dit-il, l'absence de subventions de l'Etat pour aider les partis politiques à mener à bon port leurs campagnes électorales. Le deuxième facteur s'explique, selon lui, par l'absence d'expérience politique chez les partis politiques fraîchement agréés et engagés dans une course électorale. Alors que le troisième facteur consiste dans la nature de l'électeur manifestant une crise de confiance à l'égard du système politique. Abondant dans le même sens, le Pr Mohammed Laâyeb, qui a souligné que l'abstention, qui est pressentie par nombre d'analystes et d'observateurs de la scène politique nationale porte l'empreinte de l'incapacité des formations politiques à mobiliser les électeurs autour de l'importance et de la portée de l'élection législative du 10 mai prochain. Ainsi, il a indiqué que les partis politiques anciens ou nouveau-nés manquent de perspectives et d'imagination politiques comparativement à la majorité des citoyens, en l'occurrence la classe juvénile, qui est désormais branchée aux nouvelles technologies de communication, qui sont mal exploitées par les formations politiques. Cela en plus, assure-t-il, du manque de créativité et d'esprit d'initiative chez l'ensemble des formations politiques, qui se cachent derrière le discours du Président sans pour autant mettre leur projet ou leur programme à la disposition des citoyens et le défendre. «Rien n'a été apporté par les partis politiques. Ils font tous usage du discours et des réformes annoncées par le Président de la République leur cheval de bataille pour le scrutin législatif. Cela est un signe d'immaturité politique pour les formations en lice», a-t-il fait remarquer avant d'ajouter que les citoyens ont besoin de connaître les programmes des candidats et des partis politiques. Et pour expliquer l'incompétence des formations politiques en lice pour le scrutin du 10 mai, Mohammed Laâyeb est revenu sur l'anarchie qui caractérise l'affichage, mettant à nu les candidats à la chambre basse du Parlement. En conclusion, le conférencier a signalé que les formations politiques participant à l'élection législative entretiennent le même discours et la seule différence ne réside qu'au niveau des sigles.