Les Nations unies retirent leurs travailleurs expatriés en Irak, le Cicr en fait de même. La série d'attentats qui ont marqué ces derniers jours la situation en Irak ont eu pour première répercussion notable la décision des Nations unies, prise jeudi, de retirer l'ensemble de leur personnel expatrié se trouvant actuellement en Irak. Trente personnes sont concernées par cette décision. La porte- parole de l'ONU, siège de Genève, Marie Heuzé, a déclaré en effet jeudi «Nous avons demandé à notre personnel à Bagdad de quitter (la capitale) temporairement pour des consultations avec des responsables venus du siège (des Nations unies) sur l'avenir de nos opérations». Mme Heuzé n'a pas donné d'autres précisions sur ces consultations ni sur le lieu où elles se tiendraient. Le Comité international de la Croix-Rouge, objet lundi dernier d'un sanglant attentat à la voiture piégée, a pris mercredi une décision similaire en décrétant la réduction de son personnel étranger au strict minimum. Une réunion regroupera dans le courant de la semaine à Amman des responsables du Comité international de la Croix-Rouge. Ces deux décisions émanant d'instances clés dans la remise en ordre de la situation en Irak, outre d'indiquer la dégradation continue des conditions de sécurité, constitue singulièrement un échec pour Washington qui souhaitait une participation internationale conséquente dans un pays où, en revanche, les Etats-Unis veulent être les seuls détenteurs de l'autorité et du pouvoir de décision. De fait, au lendemain de l'attentat contre le siège de l'ONU à Bagdad, en août dernier, qui a vu la mort, outre de 22 personnes, du secrétaire général adjoint des Nations unies en mission en Irak, Sergio Vieira de Mello, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, avait alors décidé d'une réduction drastique du personnel expatrié, pour ne laisser sur place que le personnel local. L'attentat du lundi dernier notamment contre la Croix-Rouge internationale, (Cicr),-ayant occasionné une dizaine de morts et de nombreux blessés-, aura été la goutte qui a fait déborder le vase d'autant plus que l'ONU avait déjà, en août dernier, menacé de retirer son personnel si leur sécurité demeurait aussi peu assurée. Kofi Annan, avait alors réclamé lors des discussions sur le projet américain de résolution sur l'Irak, plus d'autorité et de prérogatives pour l'ONU et ses divers services opérant en Irak. Revendications demeurées sans écho auprès les Etats-Unis toujours inflexibles quant à leurs prérogatives de puissance occupante, de même qu'ils refusent, contrairement aux demandes de la communauté internationale, de transférer des responsabilités aux Irakiens. Toutefois le départ de l'ONU met à nu l'échec total de la politique irakienne de la coalition américano-britannique de même qu'elle échoua à «pacifier» un peuple de plus en plus hostile à l'occupation. Washington a eu des réactions mitigées teintées de déception quand bien même le porte-parole du département d'Etat estime la décision de l'ONU «compréhensible». Pour le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, «Les Nations unies durement frappées en Irak, la sécurité de leur personnel est une responsabilité très lourde pour le secrétaire général des Nations unies. Nous comprenons bien le sens des mesures qu'il prend aujourd'hui». Le chef de la diplomatie française réaffirme d'autre part que «plus que jamais, nous estimons que c'est par un changement d'approche que nous rendrons compatibles à la fois le nécessaire engagement de la communauté internationale et la pleine implication des Irakiens à travers un gouvernement provisoire qui aurait en charge le destin de l'Irak».