Khaled Chaïb, professeur à l'Institut national de recherche en éducation, est l'auteur d'un essai sur la démarche du chef de l'Etat, actuellement en vente en librairie. Sorti quelques jours après le brûlot du général à la retraite, Khaled Nezzar, le livre de Khaled Chaïb est aux antipodes des conclusions auxquelles est parvenu l'ancien ministre de la Défense. Dans le second ouvrage qui traite du bilan de Bouteflika, la politique suivie par le président de la République est décrite en termes élogieux. Plus encore, l'auteur prend sur lui de défendre le président de la République contre ceux qu'il considère comme en s'attaquant violemment à tous ses adversaires. Lesquels sont accusés d'être des relais du parti socialiste français et l'Internationale socialiste que M.Chaïb suspecte d'être derrière les malheurs que vit l'Algérie. Il va plus loin en affirmant que les événements de Kabylie et autres émeutes qui ont éclaté ici et là entre 2001 et 2003 sont l'instigation de ces cercles, dans le but de déstabiliser l'Algérie et la précipiter dans un autre cycle de violence après une décennie de violence terroriste. Au-delà de son contenu et du discours qu'il développe, le livre de Khaled Chaïb, au même titre d'ailleurs que celui de Khaled Nezzar, inaugure une nouvelle pratique politique en Algérie, le débat d'idées en utilisant un support jusque-là peu employé au niveau de la sphère politique nationale. En effet, après la thèse d'un général à la retraite qui a relaté, de son point de vue, les circonstances de l'arrivée de Bouteflika au pouvoir et son bilan à la tête de la plus haute institution de la République, voilà qu'un professeur lui apporte la contradiction et développe un discours en totale contradiction avec celui de l'auteur du premier ouvrage qui évoque le bilan du président Bouteflika. Quoique les propos de l'un et de l'autre se caractérisent par la dureté du verbe, il n'en demeure pas moins que les deux hommes portent sur la place publique un débat qui mérite d'avoir lieu, sans passion aucune. Cependant, il est clair que la campagne électorale, qui s'annonce sans pitié, a toutes les chances de ne pas être d'un niveau assez responsable pour que les électeurs puissent faire leur choix sereinement et ne pas boycotter les urnes. En tout état de cause, le livre de Khaled Chaïb introduit une donne nouvelle dans le débat.