Face au phénomène de la fraude, les partis politiques semblent insatisfaits des seules mesures administratives. Deux incertitudes pèsent dès à présent sur les futures élections communales et de wilaya. Il s'agit d'un éventuel «remake» du fort taux d'abstention comparable à celui enregistré lors des dernières élections législatives et des éventuels risques de fraudes dans les résultats du scrutin. Pour la première incertitude, les services du ministère de l'Intérieur ont d'ores et déjà pris les devants pour limiter le phénomène de l'abstention (création de brigades pour inciter notamment l'élément féminin à voter). Quant à la seconde, c'est-à-dire la fraude et les garanties d'un scrutin transparent et crédible, il semble que les appréhensions des partis politiques sur le sujet restent entières. Si jusqu'à hier presque toutes les formations politiques étaient fort occupées par la confection et le dépôt des listes de leurs candidats, reléguant au second plan de leurs priorités cette question des éventuelles anomalies et autres fraudes qui pourraient surgir au lendemain de la proclamation des résultats, il est évident que ce sujet sera inscrit dans les jours à venir dans les premières préoccupations des partis politiques. Certes, le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, se basant sur l'expérience des législatives où le phénomène de la fraude a été très limité pour ne pas dire infime, a reconduit la même série de mesures de surveillance du scrutin, mais il n'est pas acquis d'avance que ces mesures seront aussi viables pour les élections locales. Aussi, contactés hier sur le sujet, les partis politiques restent-ils sceptiques quant à des élections sans taches, même s'il est encore trop tôt, selon eux, pour porter un jugement sur un événement qui n'a pas encore eu lieu. C'est le cas du RND, dont le chargé de communication Miloud Chorfi a indiqué que sa formation est actuellement «très occupée et même débordée» par l'opération relative à la confection des listes de candidats. Même son de cloche au FLN où le responsable de la communication était injoignable hier après-midi. En revanche chez le MRN (El-Islah) de Abdallah Djaballah, on n'hésite pas à émettre quelques propositions pour juguler le phénomène de la fraude. Ainsi pour cette formation, si l'expérience des législatives a été «insuffisante», il s'agira «de concrétiser ce qui a été positif dans les législatives et de le rendre systématique». De plus, toujours selon ce parti, des actions de renforcement de la surveillance du processus électoral doivent être entreprises et accompagnées de mesures telles que «confier les opérations de contrôle des urnes dans les bureaux et centres de vote aux partis représentatifs et non à travers une opération de tirage au sort hasardeuse qui se répercute par l'absence des représentants des partis dans les bureaux de vote le jour du vote»; rendre la délivrance des PV des résultats systématique, «installer dans les plus brefs délais la commission politique de surveillance des élections qui accuse déjà un retard.» Au Parti des travailleurs, le député et membre du bureau politique, M.Karim Labchiri, a estimé que «ce ne sont pas des mesures administratives qu'il nous faut, mais bien des mesures politiques». En outre, selon notre interlocuteur, «sous état de guerre et l'état d'urgence, il ne pourrait jamais y avoir d'élections sans fraude». De plus, d'après lui, «pour qu'il y ait des élections propres et honnêtes, il faut d'abord qu'il y ait respect du choix des électeurs».«De toute façon, on fera ce qu'on pourra pour limiter le phénomène», conclut-il. En somme, dans une atmosphère de morosité et de méfiance chronique et bien avant la tenue du scrutin, les appréhensions des partis au sujet du phénomène de la fraude sont plus présentes que jamais.