Chefs du centre, chefs des bureaux et représentants de partis attendent vainement les électeurs. 10 mai 2012. Le jour est pour le vote ce qu'est le peuple pour le boycott ! C'est un jour qui n'est sans doute pas comme les autres. Un jour à la fois très attendu mais surtout très tendu. Si pour certains, appelant le peuple à voter massivement, cette journée sera décisive pour «l'avenir de l'Algérie», pour d'autres, appelant au boycott, c'est aussi une journée qui sera décisive pour «l'avenir de l'Algérie». Partis politiques, candidats, médias, services de sécurité, administration... tout le monde retient son souffle. Et le peuple en ce jour du vote? 8 heures du matin, jeudi, à Alger la capitale, rien ne s'est encore manifesté. Le silence de la nuit empitète sur l'ambiance habituelle du jour. C'est comme si le tout-coutumier hésitait à faire son pas.Bénie par un soleil printanier, la population prend son temps et laisse attendre une élection. Destination quartiers les plus «chauds» de la capitale. Point de départ, l'école primaire mixte de Baraki. Un centre composé de sept bureaux de vote a ouvert ses portes. Tout est mis en place. Tout le monde est là: chef du centre, chefs des bureau, services de sécurité, éléments de la Protection civile, représentants de partis politiques... sauf les électeurs! 45 minutes plus tard, voilà enfin un citoyen qui franchit le portail du centre primaire. Un potentiel électeur! Il faut bien qu'il y ait un premier. Ami Ahmed, un octogénaire avance si lentement qu'il a failli être applaudi au moment où il a «enfin» glissé son bulletin dans l'urne. Le temps avance, malgré tout. 9h40: dans le même centre, le bureau N° 79 qui compte 476 inscrits affiche deux bulletins dans l'urne. Plus loin, dans la localité de Bentalha, le temps n'est pas le même, l'ambiance aussi. Il est 13h tapantes l'école primaire Ahmed-Belkhodja, un des deux centres que compte cette localité, donne une autre image. Les gens votent normalement. Se rapprochant du directeur de ce centre de vote, pour avoir plus d'information sur le déroulement de l'élection, ce dernier ne veut rien dire. Il appelle les services de l'APC de Baraki, et demande l'autorisation de parler ou non aux journalistes. C'est le président de l'Association «Amel» des victimes du massacre de Bentalha, Razik Lahmar, qui nous accueille. «Voyez-vous cette école, c'est ici, que les psychologues prenaient en charge les victimes du massacre de Bentalha», témoigne-t-il. Parlant du déroulement du vote, ce dernier considère que les gens ont voté normalement sans aucun incident, sauf qu'il a mentionné que le taux a légèrement baissé par rapport à la dernière élection législative en 2007. 13h30, en face du centre de vote, la foule avance. Une foule constituée de quelques centaines de personnes qui avancent vers nous. Ces hommes habillés de kamis ne sont pas venus voter, ils passent juste en face du centre de vote pour s'évaporer dans la petite ville de Bentalha. Ils viennent de sortir des deux mosquées de la ville. Jusque-là, ce jour n'affiche rien de particulier par rapport aux autres jours. Chacun vaque à ses occupations comme «d'hab»! Arrivé dans la localité des Eucalyptus à 14h 30, l'école «El-Ouartilani» ne réserve pas de surprise. Ce centre qui compte 4717 inscrits répartis sur 12 bureaux de vote a enregistré, selon son directeur, Fnineche Abdelakder, 340 votants. «C'est un taux normal», dit-il. «Le taux de participation est approximativement égal aux précédentes élections législatives. Au départ, on a eu peur de l'abstention, finalement les gens ont voté», poursuit-il. De retour, Alger-Centre retient son souffle, l'abstention est l'objet de toutes les discussions de tous. Loin des bureaux de vote, la plupart de ceux qu'on a interrogés refusent de voter compte tenu des défaillants bilans des précédents parlementaires. En effet, les élections législatives successives ont des relents de plus en plus négatifs. Elles sont devenues un exutoire pour exprimer les rejets de toute une société. Dans ce jeu de massacre, l'abstention triomphe.