les actes de violence terroriste commencent à s'approcher des portes d'Alger. Hier, il ne restait rien du massacre terroriste qui a coûté la vie à trois hommes dans un faux barrage dressé à la sortie sud de la ville de Hameur El-Aïn. Dans la Renault 4 rouge, immatriculée 0727-185-42, des taches de sang coagulé, des cassettes raï éparpillées, des mouches attirées par le sang ocre et des lambeaux de coussins, arrachés par les balles des kalachnikovs. Cette incursion terroriste, à mettre vraisemblablement sur le compte d'une faction du GIA, s'est passée mercredi dernier, vers 20h 30, «à l'heure des taraouih», disent les riverains. La Renault 4 de Mohamed Belloul, 29 ans, habitant à Merrad, dans la ville de Hadjout, roulait allégrement vers un domaine agricole, situé à moins de deux kilomètres de la sortie sud de Hameur El-Aïn. Il y a là Mohamed Belloul et deux de ses amis, tous travailleurs à Cosider. Ils devaient rejoindre des amis qui se trouvaient dans un domaine agricole. Sur leur chemin, bordé de vastes plantations et de serres, ils sont arrêtés «par des gens portant tenue militaire», précise le frère de Belloul. La voiture est immobilisée sur le côté gauche et le chauffeur est tiré hors de son siège ; et tandis que les deux occupants sont criblés de balles, Belloul est tué de deux balles dans la tête tirées à bout portant. Tout cela s'est passé en moins de cinq minutes pour permettre au groupe terroriste, dont le nombre reste indéterminé, de s'éclipser dans la nature, à la faveur de la nuit, et avant l'arrivée des premiers secours. Cette manifestation du GIA, la première depuis le début du Ramadan, semble répondre en écho au Gspc, qui a signé le premier acte de violence terroriste de ce mois de Ramadan, en assassinant deux militaires dans la région kabyle. Aussi, il faut peut-être prendre très au sérieux ce nouveau message, d'autant plus que la dislocation des «djamaâte» rend insaisissable toute lecture cohérente de la violence liée aux groupes armés. Depuis la mort de Zouabri, le 8 février 2002, en plein centre de Boufarik, son remplaçant, Rachid Oukali, dit Abou Tourab, n'a jamais eu de véritable ascendant sur ses effectifs et beaucoup de groupes ont carrément pris leur autonomie ou ont, selon des avis avisés, rejoint le Gspd de Abdelakder Saouane. D'ailleurs, et pour revenir à l'attentat de Hameur El-Aïn, il n'est pas exclu que le chef d'orchestre en soit Farid Bechroul dit Khaled El Fermache. Un des hommes forts du GIA entre 2000 et 2002, celui-ci a été écarté de l'émirat par Rachid Oukali et ses proches, avant d'être «excommunié», synonyme d'une condamnation à mort. Un différend lié à l'argent opposait les deux hommes, du vivant même de Zouabri. De fait, Bechroul a constitué ses propres hommes, et tente, avec un effectif quasi réduit, de s'imposer dans la région qu'il connaît très bien et qui est située entre Bou Ismaïl et Tipasa. La région de Hameur El-Aïn est une zone d'activité du GIA depuis 1993, et il est fort probable que les actes de violence vont encore, hélas, se manifester dans les villes environnantes les prochains jours.