Les massacres épisodiques du GIA semblent être l'écho de ceux du Gspc. Douze personnes ont été assassinées dans une embuscade tendue par un groupe armé mardi, vers 19h, sur le tronçon de la RN 42, entre Hameur El-Aïn et Bourkika, au lieu-dit Haouch Nekhla. Selon les témoins de cet acte terroriste, les choses se sont passées comme suit: un groupe d'une dizaine de terroristes a pris position en contrebas de la route, et dès que les voitures et autres moyens de transports commençaient à s'agglutiner les unes aux autres, le groupe ouvre le feu à l'aide d'armes automatiques, des kalachnikovs, selon les autorités policières de la région. La concentration des tirs sur les voitures de passage et le nombre de balles ont pratiquement touché au moins huit véhicules, qui allaient tous dans le sens opposé à Hameur El-Aïn tuant sur le coup 11 personnes dont deux femmes. L'une était âgée de 18 ans, ajoutent nos sources. Une douzième personne décède aussitôt après, à la suite de ses blessures. Un transporteur privé, qui conduisait un Isuzu, était juste derrière la file des véhicules touchés. C'est lui qui a freiné sec, parcouru trois bons kilomètres pour alerter la brigade de la gendarmerie de Hameur El-Aïn qui alerta aussitôt les unités d'intervention rapide de l'armée et une opération de recherche a été vite déclenchée. Entre-temps, le groupe, qui avait préparé minutieusement son coup, sa stratégie et son repli, s'évanouit dans la nature jouxtant le lieu de l'attentat, un ancien domaine agricole en contrebas de maquis fortement boisés et accidentés, et qui avaient, par le passé, constitué autant de fiefs aux groupes de Hattatba. Jusqu'à hier, tard dans l'après-midi, l'opération déclenchée par les militaires n'avait pas encore abouti à des résultats. Les montagnes alentour donnent pratiquement sur une région vaste et luxuriante, qui aboutit, côté Sud, sur les fiefs de Oued Djer, Boumedfaâ, la Chiffa et les vastes vergers de la plaine de la Mitidja. C'est-à-dire que là, nous sommes en plein dans la zone d'origine, de repli et de transhumance du GIA, version Antar Zouabri, depuis 1996, avec des incursions poussées plus à l'Ouest, vers Miliana, Aïn Defla et Chlef. Ce nouveau massacre du GIA semble être l'écho de ceux du Gspc, à l'Est et dans la région kabyle. En fait, on en est presque arrivé à oublier le GIA qui, certes, depuis la mort de Zouabri, le 8 février 2002, a été considérablement affaibli, mais reste tout aussi destructeur et meurtrier. Estimé à une soixantaine d'éléments «encore opérationnels», sous le commandement du fantomatique Ouakali Rachid, Abou Tourab (qui n'a plus donné signe de vie depuis son communiqué du 14 février 2002), le GIA reste dans une certaine mesure plus meurtrier que le Gspc (qui s'en prend généralement aux forces de sécurité) en ce sens qu'il mène des actions criminelles et nihilistes contre tout ce qui a trait à la vie. Le détail le plus troublant dans le carnage de mardi à Hameur El-Aïn, c'est le témoignage qui a donné les auteurs de l'attentat comme des éléments armés, jeunes et portant des tenues afghanes. Pour les nouveaux desperados du GIA, cet accoutrement a plutôt disparu depuis 1999 pour leur laisser libre cours de se fondre, aussitôt les attentats commis, dans la foule des villes. Zouabri a été bel et bien tué dans une villa à Boufarik rasé de près et habillé pratiquement comme Monsieur Tout-le-monde, en jean, baskets et pull en laine. Dans son dernier entretien accordé à l'hebdomadaire français Le Point, le général de corps d'armée Mohamed Lamari a laissé entendre qu'avec «un millier d'hommes armés» et, donc, opérationnels, le terrorisme n'a «pas été encore vaincu», bien que l'armée ait pu lui «briser la colonne vertébrale».