Au moins 23 soldats des troupes syriennes ont péri lundi dans de violents combats avec des rebelles hostiles au régime du président Bachar al-Assad contre lequel les Européens ont pris un nouveau train de sanctions. Ces combats sont intervenus à Rastane, dans la province de Homs (centre), une ville qui échappe au contrôle du régime depuis des mois et où sont retranchés de nombreux insurgés. Des dizaines d'autres personnes ont été blessées et trois blindés détruits dans ces échanges de tirs, a précisé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Dimanche soir, l'armée a lancé un assaut contre Rastane à coup de bombardements intensifs, avec «jusqu'à quatre tirs de roquette par minute ». Un enfant y a été tué par une roquette qui s'est abattue sur sa maison et des dizaines de civils blessés quelques heures avant que n'éclatent ces violents combats à l'aube, selon l'OSDH. Ailleurs dans le pays, à Deir Ezzor (est), un adolescent a été abattu par les forces gouvernementales qui ont également arrêté 15 personnes, selon l'OSDH qui fait également état d'un assaut sur le quartier de Qaboun à Damas. Tandis que la Syrie s'enfonce dans le chaos, avec à nouveau 45 morts dans des violences dimanche, les affrontements confessionnels entre sunnites hostiles au régime et alaouites partisans du président Bachar al-Assad ont également gagné le Liban voisin. Depuis samedi soir, quatre Libanais ont été tués dans ces violences à Tripoli, la principale ville du nord de ce petit pays voisin longtemps sous tutelle politique et militaire de la Syrie. Les échanges de tirs, notamment au lance-roquettes, empêchaient toujours lundi l'armée de se déployer dans les quartiers en proie à ces troubles, fréquents à Tripoli. A Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont adopté lundi leur 15ème train de sanctions contre Damas. Ils ont gelé les avoirs de deux entreprises et de trois personnes considérées comme des sources de financement du régime. Désormais, 126 personnes et 41 sociétés sont visées par les sanctions européennes qui ciblent notamment la Banque centrale, le commerce de métaux précieux ou les vols de fret. Un embargo pétrolier et un embargo sur les armes et le matériel pouvant servir à la répression ont également été mis en place. La communauté internationale, qui multiplie les mesures de rétorsion et a dépêché près des deux tiers des observateurs internationaux censés surveiller une trêve décrétée il y a un mois mais jamais appliquée sur le terrain, n'est pas parvenue à faire cesser les violences. Depuis l'éclatement le 15 mars 2011 d'une révolte populaire inédite dans le pays, les violences ont fait plus de 12.000 morts, en majorité des civils abattus par les troupes du régime, selon l'OSDH. Au fil des mois, la contestation, qui se limitait à des manifestations pacifiques, s'est militarisée. Les combats n'ont pas perdu en intensité en dépit des engagements du régime et de la rébellion à respecter le plan de sortie de crise de l'émissaire international Kofi Annan. Outre le cessez-le-feu, ce plan prévoit l'ouverture d'un dialogue politique, un accès humanitaire dans tout le pays et la libération de prisonniers. Actuellement, 189 observateurs de l'ONU se trouvent en Syrie pour surveiller l'application de ce plan, que certaines composantes de l'opposition considèrent déjà comme un échec. La Russie, grande alliée de Damas, considère cependant que le plan Annan a encore des chances de réussir et «fera tout » pour éviter son échec, selon les termes dimanche de l'ambassadeur de Russie à Paris, Alexandre Orlov. Sur le plan politique, Damas a annoncé que les résultats des élections législatives tenues il y a une semaine seraient proclamés mardi dans la matinée, justifiant ce délai par le fait que plusieurs circonscriptions ont été appelées à revoter après des fraudes.