La grande métropole du nord de la Syrie, Alep, restée à l'écart des contestations a été hier le théâtre des plus importantes manifestations organisées dans le pays depuis 14 mois. L'émissaire international Kofi Annan se rend «bientôt» en Syrie, théâtre hier de manifestations d'une ampleur sans précédent depuis le début de la révolte contre le régime du président Bachar Al Assad notamment dans la deuxième ville du pays, Alep. Les manifestations rendaient justement hommage à cette grande ville du nord, restée à l'écart aux premiers mois de la révolte populaire et qui était le théâtre hier des «plus importantes manifestations» depuis le début du soulèvement en mars 2011, selon des militants. «Des milliers de personnes manifestent dans plusieurs quartiers malgré la répression», selon le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH, basé à Londres), Rami Abdel Rahmane. «Alep connaît un véritable soulèvement», commente de son côté Mohammed al-Halabi, militant sur place. Malgré la poursuite des violences et du quadrillage des villes, des «dizaines de milliers» de personnes sont descendues dans tout le pays selon l'OSDH, soit les rassemblements les plus grands depuis l'annonce d'un cessez-le-feu le 12 avril systématiquement violé depuis. «Nous voulons la liberté que tu le veuilles ou pas, Bachar, ennemi de l'humanité», ont scandé des manifestants à Deir Ezzor (est). Les troupes gouvernementales ont une nouvelle fois tiré sur les manifestants à Alep et dans la province de Damas, faisant plusieurs blessés, et continué de bombarder violemment les poches rebelles comme la ville de Rastane et des quartiers de la ville de Homs dans le centre du pays, selon l'OSDH, qui dénonce «le silence des observateurs» de l'ONU, déployés pour surveiller la trêve. Ces violences seront sans doute au centre de la visite de l'émissaire Kofi Annan à Damas, dont la date n'a pas été déterminée. «On peut s'attendre à une visite bientôt», selon son porte-parole. Les militants, qui tentent désespérément de prendre à témoin les plus de 250 observateurs sur le terrain, avaient appelé à manifester comme chaque vendredi pour réclamer la chute du régime et rendre hommage aux «héros de l'université d'Alep», en référence aux étudiants de la ville mobilisés par milliers la veille en présence de Casques bleus. Par ailleurs, la Ligue syrienne de défense des droits de l'Homme a fait état vendredi de la condamnation à mort pour «haute trahison» d'un militant syrien, Mohammed Abdelmaoula al-Hariri, «sauvagement torturé» depuis son arrestation en avril. A Genève, le porte-parole de Kofi Annan a une fois de plus lancé un appel à toutes les parties pour qu'elles cessent toute forme de violence et engagent un dialogue politique. Il a également appelé à l'unité du Conseil de sécurité de l'ONU et de la communauté internationale. «Le plan Annan est le seul plan sur la table en ce moment», a déclaré M.Fawzi, alors que les grandes puissances continuent de s'accrocher au plan de paix de Kofi Annan, redoutant le moment où il faudra constater son échec. Interrogé sur les déclarations du chef de l'ONU, M.Fawzi a refusé de commenter. Il a toutefois indiqué que M.Annan avait déjà parlé de la présence d' «un troisième élément» en Syrie. «Nous n'avons pas pu vérifier quel est cet élément. Nous sommes en train de le faire», a-t-il affirmé. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a imputé jeudi au réseau extrémiste Al Qaîda la responsabilité de récents attentats comme ceux qui ont fait 55 morts dans la capitale le 10 mai.