Des milliers de Syriens manifestaient hier à travers le pays pour soutenir la révolte réprimée dans le sang par le régime, mais l'ONU a dit voir de “petits signes” de respect du plan international de sortie de crise. Sur le terrain, les forces gouvernementales ont tué neuf civils, dont un couple et leur enfant, à Alep (nord), Homs et Hama (centre), selon une ONG, faisant fi de la présence d'observateurs de l'ONU chargés de surveiller l'application du cessez-le-feu continuellement violé depuis le 12 avril. Comme chaque vendredi depuis mars 2011, des milliers de Syriens ont défilé dans plusieurs régions à l'appel des militants pro-démocratie pour affirmer leur attachement à la révolte contre le régime de Bachar Al-Assad, sous le slogan de “Notre loyauté (à la révolution) est notre salut”. “La Syrie veut la liberté”, “La Syrie saigne”, “Bachar, dégage !” lit-on sur les pancartes brandies par les manifestants à Arbine, près de Damas, tandis que des vidéos mises en ligne par des militants montraient des foules rassemblées à Homs, Qamichli (nord-est), Idleb (nord-est) et Deraa (sud). “Nous résisterons même s'ils occupent toutes les places”, affirment des militants à Deraa, berceau de la contestation, “le peuple veut mettre à mort Bachar”, clame la foule à Idleb. Les manifestations ont lieu habituellement à la sortie des mosquées après la prière hebdomadaire, malgré le quadrillage des villes par l'armée, la répression et la militarisation de la révolte déclenchée il y a près de 14 mois. Jeudi, les forces de sécurité ont mené une brutale attaque contre la cité universitaire d'Alep, tuant quatre étudiants et arrêtant 200, après une manifestation anti-régime. Les chambres étudiantes ont été mises à sac par les troupes et l'université a suspendu les cours jusqu'au 13 mai. C'était, selon les militants, de la répression la plus meurtrière contre ce centre nerveux de la contestation dans la deuxième ville de Syrie, longtemps restée à l'écart de la mobilisation. Le chef de la mission des observateurs, qui surveillent depuis le 16 avril la trêve préconisée par le plan de l'émissaire international Kofi Annan, a estimé jeudi que c'était à l'armée syrienne de faire le premier pas pour arrêter les violences. Malgré les violations quotidiennes de la trêve, il a assuré vouloir tenter de créer un climat de confiance, alors même que le pouvoir reste déterminé à écraser la rébellion, et l'opposition, à réclamer la chute du régime. Se voulant quelque peu optimiste, le porte-parole de M. Annan a dit que le plan était “sur les rails”. R. I./Agences