«J'ai longtemps pensé que j'étais juif; j'étais très content d'être juif (...). Mais j'ai découvert que je n'étais pas juif (...), que j'étais nazi, parce que ma famille était allemande, ce qui m'a aussi fait plaisir.» Lars Von Trier, réalisateur danois Le réalisateur égyptien Yousry Nasrallah, l'auteur du seul film arabe en compétition pour la Palme d'Or, «Après la bataille», a voulu profité de la présence mondiale des médias pour faire un buzz lors de sa conférence de presse. En effet, ce dernier a déclaré qu'il refusait catégoriquement que son oeuvre traitant du Printemps arabe soit vendue à Israël, un pays «qui occupe encore les territoires palestiniens». Yousry Nasrallah a enfoncé le clou en soulignant qu'il ne pensait pas qu'au moment où les Egyptiens sont encore en train d'essayer de franchir la première étape vers une libération vis-à-vis de leur propre régime, de l'oppression et d'une gouvernance militaire, Israël soit un allié pour cette libération». Une déclaration audacieuse, mais qui ne cadre point avec la politique du Festival vis-vis d'Israël. En tout cas, ces paroles ont irrité les organisateurs du Festival et de tous les professionnels de l'industrie cinématographique qui tournent en orbite autour d'eux: elles ont fait l'effet d'un sésame dans l'auditoire, suscitant les applaudissements nourris de nombreux journalistes. Une réaction qui a surtout mis mal à l'aise le producteur du film, le Français Georges-Marc Benamou, lequel possède d'excellentes relations avec l'Etat hébreu et qui s'est immédiatement désolidarisé de la petite phrase qui a mis le feu aux poudres et qui risque fort d'hypothéquer l'avenir cannois de l'audacieux Yousry Nasrallah. Ce qui est sûr, est que critiquer les juifs, et plus particulièrement Israël, est mal vu à Cannes: on se souvient du réalisateur danois, Lars Von Trier, qui a provoqué la polémique sur la Croisette en évoquant Hitler lors de la conférence de presse qui a suivi la projection de son film Melancholia, en compétition pour la Palme d'or. Il avait déclaré notamment: «Je dis que je comprends l'homme. Ce n'est pas vraiment un brave type, mais (...) je compatis un peu avec lui.» Ses propos ont suscité un tel malaise que le réalisateur s'en est, par la suite, «excusé». Et pourtant Lars von Trier était interrogé sur ses origines allemandes, découvertes en 1989 à la mort de sa mère. A ses côtés, l'actrice principale de son film, l'Américaine Kirsten Dunst, paraissait visiblement embarrassée, murmurant «Oh my God» en se tournant vers sa partenaire, la Française Charlotte Gainsbourg. Dans un communiqué transmis à la suite de la conférence de presse, Lars von Trier s'est «excusé» pour ses propos de «sympathie» envers Hitler. La direction du Festival avait pris acte des excuses de Lars von Trier, mais elle a réaffirmé qu'elle n'admettra jamais que la manifestation puisse être le théâtre, sur de tels sujets, de semblables déclarations. En tout cas, la polémique sur «Hors-la-loi» arrangeait bien les organisateurs puisqu'elle n'a jamais réagi pour faire cesser la campagne. [email protected]