Le «deuxième tour» des législatives se disputera le mois prochain. Beaucoup de partis convoqueront leurs instances décisionnelles. Gagnants et perdants des législatives du 10 mai n'ont pas encore livré toutes leurs impressions d'après-match. Nombreux sont les partis qui convoqueront leur état-major en juin, les uns pour asseoir leur hégémonie, d'autres pour affiner leur riposte à ce qu'ils considèrent comme un hold-up électoral. Mais il faut faire attention de ne pas sombrer dans le triomphalisme ou au contraire dans la véhémence. Dès que le Conseil constitutionnel a sifflé la fin de la partie, même sans exclure les temps additionnels disputés à coups de recours, le temps est indéniablement à celui de l'action. Pour le pouvoir comme pour l'opposition, les défis ne manquent pas. Internes comme externes. Au premier chef, on retrouve les questions douloureuses de la baisse du pouvoir d'achat et d'un chômage endémique. Mais ce ne sont pas les crises qui manquent et il est inutile d'en faire l'énumération qui ne serait, de toute façon, pas exhaustive. Hormis l'économie, il y a de fortes chances que les palabres politiques poursuivent leur petit bonhomme de chemin. Dès hier, les partis battus ont commencé à affûter leurs armes car ils ont l'intention de mener la vie dure au FLN, majoritaire à l'APN depuis le ralliement de nombreux indépendants. Le débat ne sera que plus intense sur d'autres dossiers, parmi lesquels la Constitution future figure en bonne place. Il y aura aussi la préparation des locales qui sont un enjeu de représentation majeur pour les partis qui veulent redorer leur blason auprès de leur base. Quels arguments utiliseront les partis pour tenter de remporter des sièges lors de cette échéance? Ils agiteront auprès des électeurs le spectre d'une mainmise du FLN sur les institutions du pays. Régnant déjà en maître absolu à l'APN et héritant probablement du portefeuille de Premier ministre, il sera difficile aux partis concurrents de digérer une autre razzia sur les APC et les wilayas. Si en plus la présidence de la République reviendrait au parti en 2014, la boucle serait bouclée. Ajoutez à cela le risque que le parti se taille une Constitution sur mesure. L'opposition sera tout simplement absente et les accusations de retour à l'ère du parti unique reprendront de plus belle. Mais il est fort à parier que le FLN ne serait pas tenté de surfer sur la vague du 10 mai pour tenter de grignoter d'autres parcelles de pouvoir. Ses dirigeants iraient même jusqu'à dire que d'autres majorités ne feraient qu'asseoir leur capacité à appliquer leur programme dans les moindres détails, y compris lorsqu'il s'agit de gérer APC et APW. On connaîtra bientôt les intentions du vieux parti. Se sentant en position de force, les majoritaires ne veulent plus se précipiter mais ils ne modifient pas pour autant leur stratégie. Ils attendent la session ordinaire du CC programmée par Abdelaziz Belkhadem pour le 15 juin prochain. Conscient du risque que son hégémonie pourrait faire courir à la stabilité politique, Belkhadem a déjà lancé des offres alléchantes aux partis, y compris au FFS, pour un contrat de gouvernement. A l'APN, il n'a plus besoin de personne. Le FFS promet une réponse politique qu'il élaborera bientôt. Peut-être en juin. D'ici là, beaucoup d'eau aura coulé sous les ponts. On assistera à l'installation de la nouvelle APN et à la nomination du gouvernement. En fonction de ces deux évènements, les partis auront plus de données pour se positionner. Ils auront tout le mois de juin pour continuer à émettre leurs commentaires. Le MSP promet que son conseil consultatif présentera, lors de sa prochaine session de juin, une approche qui engloberait l'amélioration des mécanismes de fonctionnement de l'Alliance verte. En point de mire, la concrétisation de ses objectifs puisqu'elle se place en tant que troisième force politique du pays. Même les partis ayant les deux pieds dans l'appareil de l'Etat ne resteront pas en mode muet puisque le RND prépare la réunion de ses instances décisionnelles. D'autres partis comme celui conduit par Mohand Saïd y verront plus clair sur les suites à donner à leur militantisme en juin. D'autres rejoindront la grand-messe des rendez-vous politiques pour tirer les leçons du scrutin du 10 mai. Si les préoccupations de tout cet aréopage sont claires au niveau interne, les questions demeurent grandes au niveau international. Que diront les partis à propos du prix du pétrole, du niveau des réserves de change, du printemps arabe, de la crise mondiale et du terrorisme? On n'est pas sûr d'obtenir la réponse dès le mois de juin. Tous tenteront, en tout cas, de séduire les citoyens. Répondront-ils présent? Ou bien l'onde de choc des législatives aura-t-elle eu raison de leur sens civique?