Le président de l'APN garde le ferme espoir que la future présidentielle constitue une nouvelle avancée vers la démocratie effective. Après Mohamed Lamari, chef d'état-major et Abdelkader Bensalah, président de l'APN, le grand journal égyptien Al-Ahram a publié un entretien avec Karim Younès, président de l'APN, dans le cadre d'une série d'interviews exclusivement consacrées à notre pays. Le président de l'APN, également membre de la direction nationale du FLN, n'y va pas par quatre chemins pour apporter son soutien, sans le dire clairement toutefois, à son secrétaire général, Ali Benflis. «Je suis optimiste, dira-t-il en effet, abordant le sujet de la présidentielle d'avril 99, nous abordons cette échéance électorale dans une conjoncture favorable et démocratique». Et de répondre de manière indirecte aux détracteurs de Ali Benflis et du FLN, qui n'hésitent pas à recourir à la violence pour tenter, en vain, d'imposer leur vision des choses. «Chaque parti a la chance de s'organiser comme bon lui semble. Il a le droit de présenter le candidat qu'il juge idéal à ce poste (celui de président de la République, Ndlr) De même que les partis peuvent aller vers des coalitions afin de présenter un candidat consensuel. Ici réside une liberté absolue pour les formations politiques. Aucune partie, quelle qu'elle soit, ne devra tenter d'imposer sa volonté aux partis politiques. Seules les directions nationales de chaque formation politique ont le pouvoir et toute latitude de discuter ce genre de sujets et de décider soit de présenter son propre candidat, soit de soutenir quelqu'un d'autre, soit d'aller vers une coalition avec un candidat consensuel». La position de Karim Younès, absolument conforme à celle de Ali Benflis, défend farouchement l'autonomie du FLN, tout en laissant toute latitude à la direction du parti, voire au congrès extraordinaire de décider en toute liberté et en toute transparence, quelle attitude adopter lors de la future présidentielle. Pour le président de l'APN, ni pour le secrétaire général du FLN, il n'est pas question que ce parti agisse sous la contrainte ou se situe sous une quelconque chapelle décisionnelle. Là, en effet, réside une très grande avancée démocratique, selon les propres visions de l'ensemble des observateurs, analystes et hommes politiques du pays. Karim Younès, sur sa lancée, refuse ostensiblement le culte de la personne, soulignant que «c'est du temps du parti unique que l'on vénérait et refusait de critiquer les présidents qu'étaient Ben Bella, Boumediene, Chadli et Zeroual». Pour le président de l'APN, représentant le parti majoritaire à la chambre basse du parlement, «le fait même que le Président Bouteflika soit critique est un signe de démocratie et de bonne santé politique». Et de raconter même une anecdote relative à la liberté de la presse algérienne: «Le chef d'un Etat voisin est allé se plaindre au Président Bouteflika à propos des critiques d'un journaliste. Le chef de l'Etat algérien a indiqué que si son homologue a été critiqué une seule fois, lui, ce sont tous les jours que cela lui arrive». La démocratie, elle aussi irréversible, se traduit, selon Karim Younès, dans la bonne cohabitation des différents courants politiques au sein des assemblées élues, tant nationales que locales. Même l'arrivée de Ouyahia, représentant un parti minoritaire à la tête du gouvernement et le départ de Benflis pour «des raisons spéciales», n'a pas influé sur le fonctionnement des institutions algériennes. Karim Younès, à ce sujet, admet avoir eu un entretien avec le nouveau Chef du gouvernement à propos du nouveau programme qui, faut-il le souligner, est la copie conforme de celui de son prédécesseur, d'où le soutien dont il a joui de la part des députés et ministres du FLN. La sortie de Karim Younès, signifiant un soutien clair et sans ambages à son secrétaire général, affaiblit un peu plus le camp des détracteurs du FLN et donne un regain de vigueur à la démocratie en Algérie.