Le retrait de la police signifie qu'on reconnaît de facto la victoire des hooligans le retrait de la police signifie qu'on reconnaît de facto la victoire du hooliganisme dans nos stades. Un général ne s'avoue pas vaincu aussi facilement. L'annonce du retrait de la police des stades faite par le directeur général de la Sûreté nationale, le général-major Abdelghani Hamel, a suscité des interrogations aussi bien au niveau de la Fédération de football nationale, qu'au sein des populations. Déjà que l'ordre public est sérieusement mis à mal par des saccages de gradins, des agressions à l'arme blanche, cette déclaration est incompréhensible. Interrogé à Constantine, mercredi dernier, au sujet de la lutte contre la violence dans les stades, le Dgsn a révélé l'existence d'un projet selon lequel la police va se décharger de la sécurité à l'intérieur des stades. «J'ai un projet pour retirer les policiers des stades, car il faut savoir que chaque match nous coûte de l'argent, sans parler de la mobilisation de nos agents», a fait savoir M.Hamel, précisant que cette décision est en cours d'étude et qu'elle sera mise en application prochainement. «La Sûreté nationale n'est pas responsable de la sécurité des spectateurs à l'intérieur des stades; je ne suis pas prêt à engager 30 à 40 unités à chaque rencontre de football, et mettre en danger mes éléments», a ajouté. Les propos du Dgsn sont empreints d'ambiguïtés qui ouvrent la porte à d nombreuses spéculations. D'un côté il avance que l'opération du maintien de l'ordre à l'intérieur des stades coûte cher à la Sûreté nationale, de l'autre, il affirme qu'il ne peut pas mettre ses éléments en danger. Des services de sécurité peuvent-ils se décharger d'une quelconque mission par le simple fait qu'elle comporte des dangers ou qu'elle coûte cher? Le danger fait partie du métier, la sécurité a un coût et le général Hamel ne l'ignore pas. Comment peut-on concevoir l'absence de la police dans les stades et confier la sécurité de l'enceinte aux instances sportives au moment où les responsabilités sont totalement diluées? Personne n'est responsable de rien dans un stade en furie. On peut s'inspirer de ce qui est pratiqué actuellement en Europe, mais sommes-nous arrivés à ce niveau d'organisation et de précision des tâches? Ensuite, la décision du Dgsn serait largement applaudie s'il elle était venue suite à une éradication de la violence dans nos stades et annoncer le retrait de la police. Good job, la police se retire et place aux stadiers. Or, elle intervient aux pires moments d'une saison sportive des plus violentes de l'histoire de notre football. Des joueurs agressés à l'arme blanche à l'intérieur du stade de Saïda, du matériel audiovisuel chèrement payé a été saccagé au stade du 5-Juillet et des gradins ont été brûlés par des supporters. Cela sans compter des actes de violence, des bagarres, des blessés et des véhicules brûlés chaque week-end. Dans de pareilles conditions, le retrait de la police signifie qu'on reconnaît de facto la victoire des hooligans et donc l'échec du travail de la Sûreté nationale. Un général ne s'avoue pas vaincu aussi facilement. Que vise donc le général Hamel à travers cette déclaration. Faisons l'hypothèse charitable que le Dgsn veut lancer une alerte aux autorités du pays pour leur signifier que la dotation budgétaire est désormais insuffisante pour assurer l'ordre public à l'intérieur des stades? Soit, mais une pareille sollicitation ne se fait jamais publiquement avant qu'elle ne soit évoquée, débattue et avalisée par la hiérarchie pour q'elle soit ensuite annoncée publiquement dans une conférence de presse.