«Nous ne sommes pas au courant !» Après l'annonce par le DGSN d'un éventuel retrait des forces de l'ordre des enceintes des stades lors des rencontres footballistiques, un haut responsable du ministère de l'Intérieur s'étonne. «Je vais retirer les policiers des stades lors des matchs de football, car la mission des agents de l'ordre public de la Sûreté nationale est d'assurer la sécurité en dehors des enceintes», a annoncé le général-major à la retraite Abdelghani Hamel, directeur général de la Sûreté nationale. Cependant, cette annonce suscite des interrogations. «D'abord, il n'est pas de son ressort personnel de prendre une telle décision, la DGSN est une institution publique sous tutelle du ministère de l'Intérieur. La prise de décision dans pareil cas nécessite l'avis puis l'abrogation du ministère. D'autant que cela engage d'autres ministères qui devront se pencher sur la question», précise notre source au ministère de l'Intérieur. Car si Abdelghani Hamel venait à exécuter unilatéralement cette décision «à l'étude», cela s'appellerait une «démission de la Sûreté nationale de la mission qui lui est assignée, notamment lors des mouvements de foules, donc du maintien de l'ordre public», explique encore notre haut fonctionnaire, visiblement énervé par une telle annonce. L'un des arguments avancés par le patron de la police est d'ordre financier. «Cela nous coûte très cher, à chaque fois, de déployer trois unités dans chaque stade». Pourtant la DGSN a toujours été prompte à engager et mobiliser toutes les unités antiémeute lors de manifestations publiques ou de sit-in des syndicalistes sans que cela pose de problème, encore moins fasse l'objet d'un débat public. Question : qui va assurer donc la sécurité dans les stades ? Lors des derniers événements tragiques survenus en moins d'un mois – lors des rencontres ayant opposé l'USM Alger à l'USM El Harrach au stade du 5 Juillet où des caméras de l'ENTV ont été saccagées, puis celle à Saïda où des dirigeants et des joueurs du club algérois ont été agressés à l'arme blanche, ou encore, lors du dernier match du Mouloudia d'Alger, où une partie des gradins a été brûlée par des supporters – il a été reproché à la police son «laxisme». Sans parler des cas d'agression, de vol, de la présence d'armes blanches et de produits prohibés tels les fumigènes. Les instances sportives soufflent qu'il aurait été plus judicieux de «discuter et préparer une stratégie de lutte contre la violence dans les stades en concertation avec la LNF, les dirigeants des clubs sportifs, des responsables des comités de supporters, la DGSN, les collectivités locales, etc.». Si le DGSN venait à retirer les policiers des stades, les supporters seront donc livrés à eux-mêmes, et rien ne pourrait empêcher de graves dérives. D'autres sources, réagissant à chaud, assurent que derrière ce retrait, se profile un nouveau marché pour les sociétés de gardiennage. Si de l'aveu même du DGSN cela coûte cher, alors qui paiera la facture ?