La langue est un produit social et représente la société Malek Souagui, un poète qui vit et travaille à Seddouk, dans la wilaya de Béjaïa, vient de quitter l'anonymat en publiant son premier recueil de poésie, intitulé: L'arbre de la vie. Dans cet entretien, il parle de son livre et de la poésie. L'Expression: Vous mettez le pied à l'étrier de l'écriture en choisissant la poésie. Pourquoi avoir opté pour ce genre d'écriture? Malek Souagui: La poésie est une réalité aux multiples facettes, qui mérite d'être abordée sous plusieurs angles, car un regard nouveau sur le monde qui nous entoure s'impose, pour pouvoir extérioriser les sentiments profonds qui m'habitent et qu'il faut faire vibrer. Ainsi, il faut dire que le monde des livres que je côtoie en qualité de bibliothécaire fait germer en moi une vacation, une inspiration et un don imposé par mon univers intérieur. On ne peut pas devenir poète sans avoir été auparavant marqué et envoûté par d'autres poètes. Quels sont ceux qui vous ont le plus marqué? La creation et l'inspiration poétiques passent généralement par les différentes interactions avec les anciens poètes, à travers lesquelles je me suis ressourcé. A ce titre, je me suis inspiré de la poésie moderne telle celle de Verlaine et Mallarmé. Les poètes kabyles ont la chance d'avoir l'embarras du choix quand il s'agit d'écrire. Ils peuvent le faire dans leur langue maternelle, tamazight, ou bien en français et en arabe. Vous avez choisi le français, pourquoi? La langue est un produit social et représente la société, la communauté dont les idées sont la réalisation concrète. L'ordre des mots varie selon chaque langue et aucun ordre ne semble meilleur qu'un autre. Or, cette limite, c'est peut-être bien celle de notre cerveau lui-même dont la langue quelle qu'elle soit, ne reste qu'un instrument primitif. Une idée est une représentation de l'esprit ce qui m'amène à dire que l'âme est toujours inspirée de ma langue maternelle et écrire avec une autre langue, universelle, reste l'unicité du langage humain par-delà la diversité des différentes langues naturelles. L'édition d'un recueil de poésies n'est pas une sinécure dans notre pays. Comment cela s'est passé pour vous? A vrai dire, le monde de l'édition dans notre pays reste un domaine sans grande expérience d'où l'absence d'une prise en charge effective des nouveaux poètes engagés dans cet univers de la poésie. C'est pour cela que la réalité montre que l'interactivité entre les auteurs et les éditeurs est vraiment faible, voire même inexistante, d'où la nécessité de se prendre en charge, notamment sur le plan de la distribution et la vente. Dans votre milieu social et professionnel, comment vivez-vous désormais votre statut de poète depuis la publication de votre livre? Cette expérience que je vis au quotidien, me permet de m'ouvrir de plus en plus sur mon milieu social dont je partage tous les aspects de la vie ou des pensées avec les personnes qui m'entourent. Cette interaction me permet de me ressourcer à chaque instant, chose qui facilite mon travail et lui donne un sens. Les obstacles sur lesquels on bute après l'édition d'un premier livre peuvent nous faire renoncer à cette entreprise. Est-ce votre cas? Malgré les difficultés que pourrait rencontrer le poète dans ce travail de longue haleine, je projette dans un proche avenir la préparation d'un deuxième recueil.