Désormais, l'épisode de ce trio sera fermé Auréolé de la victoire de son parti aux dernières législatives, Belkhadem croit en son étoile. Encore faut-il ne pas se tromper au moment d'entamer la partie. 2014. C'est le repère fatidique, le spasme final pour les hommes politiques algériens, ceux qui ambitionnent de présider aux destinées du pays. Les deux années qui nous séparent de cette élection présidentielle, sont le moment où l'on s'échauffe, où l'on construit et l'on scénarise. Dans l'esprit du discours prononcé le 8 mai dernier, à Sétif, le Président Bouteflika a tenté de poser les jalons de ce que sera cette échéance électorale déterminante. Dans sa phrase sibylline «tabe dj'nane na» (notre génération est finie, ndlr)» Bouteflika a soutenu que la relève politique doit succéder aux anciennes figures. Ce changement doit avoir son ancrage dans la méritocratie et le choix du suffrage universel. Or, a-t-il pris le soin de préparer la relève? Brimée, confinée et réduite au silence médiatique pendant toute une décennie, la nouvelle génération n'a pas encore fait de crocs mais elle a des dents pour mordre au mollet. D'ores et déjà, une bataille larvée s'est engagée dans les sphères dirigeantes. Dans les coulisses, les couteaux s'aiguisent et tout porte à croire que Bouteflika a décidé de faire tomber les peaux mortes que sont Abdelaziz Belkhadem, Ahmed Ouyahia, et Bouguerra Soltani. Dans ses trois figures qui ont régné pendant dix ans sur la scène politique, le régime a trouvé ses nouveaux- hass been-. En fait, toutes les prévisions qu'établissent les politologues convergent vers la nécessité d'accélérer le départ des leaders des partis ayant constitué l'Alliance présidentielle. C'est ce qui explique les vagues de fond qui agitent le RND, le mouvement de redressement qui secoue le FLN et les tiraillements qui déchirent le MSP. Désormais, l'épisode Belkhadem sera bientôt fermé. Cette tendance a été confirmée quand Bouteflika a porté son choix sur Larbi Ould Khelifa pour la présidence de l'APN, disqualifiant de ce fait, Rachid Harraoubia, le candidat à ce poste soutenu par Abdelaziz Belkhadem. Cette passe d'armes entre le président de la République et le secrétaire général du FLN dénote clairement qu'il y a une nouvelle redistribution des cartes. Elle traduit également, en filigrane, toute l'âpreté de la bataille à venir visant à accaparer le secrétariat général du FLN. Car qui dirige le FLN, sera le prochain candidat potentiel à la présidence de la République pour 2014. L'enjeu est de taille, il faut des atouts forts. L'actuel secrétaire général du FLN est un ambitieux bien particulier. Tout ce qu'il dit, tout ce qu'il fait procède d'une malice féroce, d'une habilité avec l'art suprême de la camoufler. Belkhadem s'est débarrassé des «légalistes pro-Benflis» en 2004, face à la tempête des redresseurs, il a tenu bon et il s'est même permis le luxe d'une victoire écrasante aux dernières législatives. Mais M.Belkhadem est-il vraiment l'homme de la situation? Avec 209 sièges au Parlement, le FLN rafle la mise. Et voilà toutes les cartes rebattues. Pour un joueur comme Belkhadem, une main pareille ouvre des perspectives inégalées. Auréolé de la victoire de son parti aux dernières législatives, il croit en son étoile. Encore faut-il ne pas se tromper au moment d'entamer la partie. Erreur de casting. Enivré par le succès inattendu du FLN, Belkhadem a misé le mauvais cheval pour la présidence de l'APN. Son candidat, Rachid Harraoubia, a été éjecté de la course. Première mise en échec. Si on fait l'impasse sur Bouguerra Soltani éliminé de fait par sa mouvance pour avoir mouillé le parti dans les péripéties du régime, Ahmed Ouyahia fait partie du trio à disqualifier. Le patron du RND a un handicap qui n'est pas mince lorsqu'on boxe à un niveau aussi haut. Son sens stratégique confine parfois à la bévue, alors que la démagogie et le populisme sont à la politique ce que le sel est à la bonne cuisine. Si Ahmed Ouyahia passe pour être particulièrement difficile, c'est parce qu'il ignore les vertus lénifiantes de la souplesse. Dans l'imaginaire populaire, il traîne plusieurs boulets. C'est lui qui a mis des cadres en prison, qui a opéré des ponctions salariales, qui a fermé des entreprises et qui avait refusé des augmentations salariales aux travailleurs. Bref, l'homme des sales besognes. Mais ne vendons pas la peau de l'insubmersible Ouyahia. Car pour gagner une présidentielle, il ne faut pas chercher à se faire aimer. Il faut savoir flinguer l'adversaire. Une balle suffit, de préférence avec un silencieux et au moment opportun. C'est un classique à ce niveau de compétition. C'est sur cet échiquier que doit se jouer dans les tout prochains mois l'avenir du pays pour au moins une décennie. Le paysage politique subira une métamorphose dictée par les exigences nationales et surtout internationales. Nous savons que le Sahel et le Maghreb subissent de plein fouet les mutations sociales et politiques profondes au point d'affecter sérieusement l'aspect sécuritaire. C'est ce point qui mobilisera toutes les énergies pour préserver l'unité nationale. Dans le combat sécuritaire au Sahel, les partenaires étrangers ont réaffirmé a plusieurs reprises le rôle leader de l'Algérie. Mais encore faut-il que l'Algérie adopte d'autres stratégies face aux nouveaux défis sécuritaires régionaux. «Si l'Algérie se confine dans son rôle actuel, elle subira de plein fouet les graves événements qui se profilent au nord du Mali» a confié un diplomate occidental parlant sous l'anonymat. C'est dire qu'un choix désastreux à ce niveau de responsabilité risque d'hypothéquer l'avenir des générations et gâcher le travail accompli depuis ces dernières années par l'Algérie.