Abdelaziz Belkhadem, le nouveau chef du gouvernement, ne semble pas avoir eu le temps qu'il fallait pour effectuer les consultations qu'il aurait voulues afin d'élargir la composante du gouvernement à d'« autres parties ». Le président Bouteflika en aura décidé autrement. Sans attente, l'équipe du chef de l'exécutif démissionnaire, Ahmed Ouyahia, a été reconduite dans sa totalité. L'annonce a été faite à moins de 24 heures du changement à la tête de l'Exécutif, intervenu juste après la démission de Ahmed Ouyahia, mercredi 24 mai. Le « nouveau » gouvernement n'a donc rien de nouveau. Sinon peu, très peu même. Tous les ministres sont maintenus à leur poste. La seule « nouveauté » reste la nomination d'un ministre de la communication. En effet, c'est Hachemi Djiar, conseiller du président Bouteflika depuis 1999 et responsable de la direction Presse et communication de la présidence de la République de 2003 à 2004, qui occupe ce poste vacant depuis le remaniement ministériel du 1er mai 2005. Il y a aussi un « léger lifting » : la ministre déléguée chargée de la Famille et de la Condition féminine, Nouara Saâdia Djaâfar du RND, ne dépend plus du chef du gouvernement, mais plutôt du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Amar Tou du FLN. Le changement n'a donc touché que « la locomotive ». La tête de l'Exécutif. Aucun des ministres qui ont été pourtant critiqués publiquement par le président Bouteflika pour avoir échoué dans leur mission n'a « bougé » de son poste. Cela démontre qu'on voulait finalement « faire tomber » Ouyahia et non pas le gouvernement. Pourquoi ? D'abord, l'argument avancé par Abdelaziz Belkhadem, en tant que secrétaire général du FLN, et son allié Bouguerra Soltani, président du MSP, selon lequel Ahmed Ouyahia, qui est, de son côté, secrétaire général du RND, pourrait utiliser son poste de chef du gouvernement pour « truquer » les résultats des prochaines élections législatives, ne tient plus la route. Il ne tient plus la route pour la simple raison que Abdelaziz Belkhadem est également partisan. Pourquoi donc pousser à la démission le SG d'un parti de l'Alliance présidentielle pour le remplacer par le SG d'un autre parti de cette même alliance ? Certains analystes politiques parlent de « degré d'allégeance ». Si Ahmed Ouyahia soutenait le programme du chef de l'Etat, il reste qu'il a exprimé clairement son opposition à la révision de la Constitution, projet cher au Président. L'enjeu peut se situer à ce niveau dans la mesure où Abdelaziz Belkhadem a, le jour même de sa nomination, annoncé que cette révision sera la priorité de son Exécutif. Le nouveau chef du gouvernement, qui reconnaît lors de la cérémonie de passation de pouvoir, jeudi à Alger, qu'il n'est qu'un « coordinateur de l'équipe gouvernementale », ne pourrait sûrement pas inscrire cette révision à l'ordre du jour s'il n'a pas eu l'aval (ou l'ordre) de le faire. Ainsi, il faut s'attendre à ce que le projet -déjà préparé par le FLN, sous l'égide de M. Belkhadem-, soit soumis au Président dans les toutes prochaines semaines.