Le président du FJD a indiqué que son parti n'est pas concerné par le nouveau gouvernement et qu'il n'en fera pas partie. Considérant que le 10 mai était un «attentat électoral contre le peuple» et les partis politiques qui ont participé aux élections législatives, le président du Front pour la justice et le développement (FJD), Abdallah Djaballah, a révélé que des cadres de son parti sont approchés par le pouvoir. «Le pouvoir, après avoir pris connaissance de la position du parti qui rejette de faire partie du gouvernement étant victime de la fraude électorale, a contourné ce rejet en contactant les personnes pour leur proposer des postes de ministre au nom du FJD», a déclaré, hier, M.Djaballah, lors d'une conférence de presse tenue au siège de son parti à Bouchaoui, Alger. Le conférencier a ajouté que l'un des cadres «fidèles» contactés du FJD a rappelé à ses interlocuteurs la position du parti en déclinant leur offre. «Je révélerai l'identité de ceux que le pouvoir a utilisés au moment opportun», a-t-il menacé en précisant que son parti ne sera pas membre du gouvernement. A travers ces pratiques, le pouvoir veut-il créer un mouvement de redressement au sein du FJD? Rien n'est moins sûr. Toujours est-il que le conférencier a développé un discours très critique à l'égard du pouvoir en place, accusé d'avoir confisqué la volonté populaire via la fraude électorale. Revenant longuement sur les législatives du 10 mai dernier qu'il qualifie tantôt «d'attentat électoral contre le peuple», tantôt de «crime politique», M.Djaballah a indiqué que «la fraude enregistrée lors de ces échéances était pire que toutes les précédentes». «La fraude est la stratégie avec laquelle le pouvoir traite avec le peuple», a-t-il dénoncé soulignant que le score du FLN marque le retour du parti unique sous couvert du multipartisme. M.Djaballah fait le lien entre les législatives du 10 mai 2012 et celles de décembre 1991. Il rappelle qu'à l'époque, le FIS dissous avait obtenu 3 millions de voix sur 13 millions d'électeurs. «On a fait croire alors que les autres 10 millions étaient des opposants au FIS et expliqué qu'une minorité ne peut diriger une majorité», a-t-il dit. La suite était connue. Le processus électoral a été arrêté, donnant suite à une guerre civile qui a coûté la vie à plus de 200.000 Algériens. «Le 10 mai 2012, le FLN et le RND ont 1,8 million de voix sur 21 millions d'électeurs et personne n'a dit pourquoi une minorité mène la majorité», a-t-il ajouté. La raison pour lui est toute simple: «Ceux qui ont avancé cet argument hier sont ceux d'aujourd'hui.» Aussi, l'orateur a indiqué que le taux de participation a été gonflé de 15 à 20% dans chaque wilaya, selon les besoins du pouvoir. Cela étant dit, M.Djaballah estime que tant que les élections sont organisées par l'administration, elles seront toujours entachées de fraude. Il a plaidé, dans ce contexte, de confier l'organisation des joutes électorales, depuis la révision du fichier électoral jusqu'à la proclamation des résultats à une instance indépendante. Dans le cas contraire, le conférencier prévient contre une explosion populaire. Il explique que «si l'espoir du changement par l'urne est perdu et que le pouvoir échoue dans ses politiques, le peuple se trouvera d'autres voies pour imposer le changement». Le président du FJD est revenu, en outre, sur le Front politique pour la protection de la démocratie (Fppd), créé par 16 partis qui rejettent les résultats des élections législatives. M.Djaballah a accusé des cercles du régime politique de vouloir faire avorter cette organisation qui reste ouverte à tous les défenseurs de la démocratie. «Si l'initiative échoue, c'est le système politique qui en bénéficiera», a-t-il souligné. «La démocratie est prônée par tout le monde dans les discours, y compris par les ministres et le Chef de l'Etat. Or, dans la pratique, c'est autre chose. Le Front politique pour la protection de la démocratie se propose pour la protection de la démocratie. Le front est ouvert à tous les partis, les cadres et les intellectuels qui y croient», a-t-il dit, ajoutant que le parcours de cette organisation sera long. Interrogé sur la position du FFS, M.Djaballah a indiqué que le parti d'Aït Ahmed est libre de participer à l'APN.