Même si elles sont faites de marbre lisse et luisant, les marches de l'hémicycle rebutent les pas distraits. Les nouveaux députés, non encore rompus à l'ivresse du raffinement et du luxe, trébuchent. A peines installés, ont-ils déjà oublié leur promesses faites lors de la campagne électorale? Tout semble conforter, hélas, cette hypothèse. L'Algérien, lui, a voté, avec ses 43% de suffages, de son propre gré. Ainsi, 462 députés ont gagné une place dans l'hémicycle. Logiquement, tout sera mis en branle pour s'inscrire dans une soi-disant «continuité», c'est-à-dire se retrousser les manches pour «protéger» l'Algérie, régler les problèmes des citoyens, booster l'économie nationale... Eh bien, non. Ils ont vendu du rêve à leurs électeurs le temps d'une campagne électorale et pour la suite... on verra plus tard. Une semaine après l'installation des députés, on a déjà oublié tous ces projets. Ces élus et leurs partis s'inscrivent dans un autre registre. Toutes les formations qui ont arraché un espace à l'APN s'occupent de guéguerres purement opportunistes. Au FLN, le mouvement de redressement s'intensifie davantage. Au RND, un autre redressement est né. Au FNA, c'est carrément la dissidence. FFS et MSP n'y ont pas échappé non plus. Si pour certains, ils s'agit là de simples querelles au sein des partis, en realité ce n'est que la puissance de l'opportunisme qui émerge. La guerre entre les opportunistes a bel et bien commencé. Et là, inutile de chercher un arbitrage du coté du peuple, le même peuple qui a voté pour eux, car là, ce n'est pas une question d'urne ou de discours, ce n'est pas non plus une question d'avenir de l'Algérie ou de sa souveraineté, mais simplement une bataille d'opportunisme politique qui, en réalité, menace l'Algérie et les Algériens. Tous les candidats des partis politiques en lice aux élections législatives ont justement dénoncé les maux du moment et ont promis monts et merveilles. La seule préoccupation avant de passer à autre chose, c'était bien l'annonce par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, le lendemain du scrutin, des résultats définitifs des élections législatives. Selon les résultats préliminaires annoncés par M.Ould Kablia, le FLN a frôlé la majorité absolue à l'Assemblée populaire nationale (APN) en obtenant 220 sièges sur les 462 à pourvoir; il est arrivé loin devant ses rivaux immédiats, le RND (68 sièges) et l'Alliance de l'Algérie verte (AAV), qui n'a obtenu que 48 sièges. Le Front des forces socialistes (FFS) a décroché 21 sièges, talonné par le Parti des travailleurs (20 sièges). Petite surprise pour ces élections, avec l'émergence des Indépendants qui ont obtenu 19 sièges. Le Front national algérien (FNA) de Moussa Touati et le Parti de la Justice et le développement (PJD) d'Abdallah Djaballah ont remporté respectivement 9 et 7 sièges. Toutefois ces chiffres ont été retouchés par le Conseil constitutionnel. Certains de ces partis se voient imputés de quelques sièges et d'autres gratifiés de quelques sièges supplémentaires. Mais, passons. Jusque-là, il semblerait que c'est la seule chose qui est attendue. Pour les besoins d'un rappel historique, voici ce qu'a déclaré le chef de l'Etat à la veille des élections en direction des Algériens: «La réussite des prochaines élections, en ce qu'elles constituent une mise à l'épreuve de la citoyenneté et de la démocratie, permettra, d'une part, de raffermir la relation entre le citoyen et les institutions constitutionnelles, de renforcer la confiance des électeurs en les élus et de conforter la crédibilité des assemblées élues, contribuant ainsi davantage à la construction et au renouveau national.» Aujourd'hui, le vote a eu lieu. Voilà, pour ce qui est du départ de cette législature: «Tout les partis politiques sont gangrenés par l'opportunisme et lézardés par des problèmes internes. Le nomadisme a commencé avant même l'installation de la nouvelle APN.» Il est question de tout sauf de l'Algérie et des Algériens.