Un groupe de partis politiques se concertent en vue d'adopter une position commune qui traduira leur rejet des résultats des élections législatives. Ainsi, les dirigeants du Front de changement, le Front de la justice et du développement (FJD), le Mouvement El- Infitah, Jil Jadid, El-Fedjr El-Jadid, le Front de l'Algérie nouvelle (FAN), le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), le Front national algérien (FNA) et le Mouvement pour une société de paix (MSP) se réuniront, ce lundi, au siège du parti de Abdallah Djaballah, à Sebala, pour trancher en faveur de leur participation ou du boycott de la septième législature, qui sera installée officiellement le samedi 26 mai (le dixième jour après la proclamation des résultats du scrutin par le Conseil constitutionnel et non pas le dixième jour suivant la date du scrutin, comme nous l'avons malencontreusement publié dans notre édition d'hier). En dehors du MSP et dans une moindre mesure le FNA, l'initiative est portée essentiellement par des formations politiques de création récente. Elle paraît alors démesurée car il convient de reconnaître qu'il est difficile de croire qu'un parti politique, qui s'est attelé en quelques semaines à se conformer à la procédure réglementaire pour l'agrément, à se structurer, élaborer des listes de candidatures à la députation et mener tambour battant une campagne électorale, puisse obtenir un score élevé à l'issue du vote du 10 mai dernier. D'autant que les cas ne sont pas isolés. Des dizaines de formations politiques ont obtenu, du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, le quitus les habilitant à l'activisme politique en toute liberté. Autre écueil, 44 partis et 183 listes indépendantes ont souscrit aux législatives. Ce qui a rendu la concurrence rude pour un scrutin qui ne captait pas paradoxalement l'intérêt des électeurs. Il existe, certes, un doute raisonnable sur la manipulation des résultats des urnes en faveur du FLN et peut-être même du RND, qui ont réussi la prouesse de rafler, à eux deux, la majorité absolue des 462 sièges de l'APN. Il n'en demeure pas moins qu'il est difficile de croire que les partis qui menacent de boycotter la chambre basse auraient fait, si le scrutin était réellement libre, beaucoup mieux que les scores qu'on leur a adjugés. La démarche des partis contestataires serait-elle alors une volonté de créer une crise à l'APN, en retirant leurs élus, puisque, à titre individuel, ils n'auront rien à perdre (hormis le MSP sous la bannière de l'Alliance de l'Algérie verte), ils ne disposent que d'un petit nombre de sièges ne leur permettant même pas de former un groupe parlementaire avec le minimum de 10 députés ? Iraient-ils, a contrario, jusqu'au bout de leurs résolutions ? Probablement pas, si l'on se réfère à la tradition des politiciens algériens à ne donner au boycott que des formes superficielles. À noter, par ailleurs, que l'action du groupe de Abdelmadjid Menasra, Abdallah Djaballah et les autres perd de sa force dès lors qu'elle n'a pas fédéré la majorité des partis représentés à l'APN, à l'image du Parti des travailleurs (17 sièges), du FFS (21 sièges), des indépendants (19 sièges), du Mouvement populaire algérien de Amara Benyounès (5 sièges) et de l'Union des forces démocratiques et sociales (UFDS) de l'ancien ministre de l'Agriculture, Noureddine Bahbouh (3 sièges)... Ce dernier, joint hier matin par téléphone, a affirmé ne pas avoir été associé à la démarche, à laquelle il n'aurait pas adhéré, par ailleurs, sans connaître ses tenants et ses aboutissants. S H.