La ville des Hammadites se prépare à accueillir du 9 au 15 juin son rendez-vous cinématographique annuel qui retrouve cette année les chemins de la Cinémathèque. «Nous voulons un cinéma qui interpelle», avait déclaré lors du dernier point de presse qu'avait animé en février dernier, Abdenour Hochiche, président de l'association Project' heurts, l'organisatrice des Rencontres cinématographiques de Béjaïa dont la dixième édition se tiendra cette année du 9 au 5 juin. Une raison supplémentaire pour fêter le cinéma bien que se rassembler dans une salle obscure et lever sa tête pour apprécier un film est en soi une forme de célébration du 7e art. Au vu du programme, tout porte à croire que le choix établi par le directeur artistique, Samir Ardjoum, répond à cette lancinante question portant sur la nécessité de questionner la société à travers les images. Au regard de la grille des programmes arrêtée, l'on découvre l'ébauche d'une inquiétude et préoccupation dont ses contours se dessinent irrémédiablement dans les films de Rabah Ameur Zaïmèche dont une carte blanche à sa filmographie lui est destinée à travers un aréopage de quatre de ses longs métrages, à savoir Wesh wesh, Bled number one, Dernier maquis et enfin Les chants de Mandrin en clôture de la soirée du 15 juin. A côté de ce réalisateur un peu austère mais captivant et rigoriste s'ajoute la pertinence intelligente d'un autre réalisateur, documentariste de son état, à savoir Malek Bensmaïl, qui ouvrira la manifestation avec son fameux documentaire La Chine est encore loin. Notons que ce réalisateur est le seul Maghrébin à avoir été selectionné récemment par l'atelier Cinéfondation au Festival de Cannes dans le but de développer un long métrage dont la trame se tiendrait au Japon. Un bien intrigant sujet dont on n'omettra pas de s'enquérir prochaînement à Béjaïa. Dans Like some one in love, le cinéaste iranien Abbas Kiarostami n'a-t-il pas été jusqu'au Japon pour explorer son imaginaire et faire rejaillir ce qui nous ressemble et nous distingue nous les humains? Un trait patent de la mondialisation qui, au-delà de sa cristallinienne générale dans son aspect de coproduction, atteint aujourd'hui le sujet lui-même et la géographie de l'objet filmé. Un cas non isolé donc. Pour en revenir à Béjaïa, le public des Hammadites sera heureux de voir enfin les toutes dernières productions du réalisateur algérien le plus controversé du moment. Merzak Allouache sera présent avec son équipe artistique et plutôt deux fois qu'une. D'abord pour le film Normal, puis pour la projection en avant-première nationale du Le repenti avec Nabil Asli, Adila Bendimerad et Khaled Benaïssa. Ce film qui vient d'être auréolé du Prix «Label Europa Cinémas» ne manquera assurément pas de susciter la curiosité d'un public fort nombreux pourrions-nous parier là-dessus, compte tenu du sujet, fort sensible abordé dans ce long métrage des plus expressifs paradoxalement, malgré le peu de contenance de dialogue et l'absence totale de musique... Autres oeuvres qui ne manqueront pas d'attiser notre curiosité et ce, en nous incitant à la découverte, sont les films Bir d'eau de Djamil Beloucif, Rue des cités, long métrage de fiction de Hakim Zouhani et Carine May, mais aussi des documentaires comme Qu'ils reposent en révolte de Sylvain Georges ou encore Meeting autorisé et Allez les filles de Amal Kateb. A ne pas rater aussi, L'Ivresse d'une oasis de la réalisatrice Hachimiya Ahamada, Comorienne installée en Belgique. Un film sur les «revenants» et «partants» de la terre natale ou des origines...Un film/ témoignage qui pourrait susciter bien des questionnements auprès des communautés immigrées, maghrébines et autres, soulignant ainsi nos point, forts communs qui nous lient à ces habitants de l'ailleurs. Des longs métrages, des documentaires et des ciné-cafés, mais aussi des courts métrages, le programme en regorge! Des pépites ou merveilles cinématographiques, délurées, poétiques ou graves sont au menu de cette 10e édition des «Rencontres cinématographiques» qui ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin pour vous faire partager leur coup de coeur et passion, le tout dans un cadre agréable, d'échanges stimulants et de rencontres des plus folles. Nous pensons aussi à La nuit de Badr, film en noir et blanc du poète réalisateur tunisien, Mehdi Hmili qui ne sera, hélas, sans doute pas parmi nous, car pris par des engagements sous d'autres cieux, mais lequel sera bel et bien avec nous par le coeur de son art et son esprit. Aussi, des documentaires comme Territoire perdu de Pierre-Yves Vandeweerd et La guerre est proche de Claire Angelini seront aussi nécessaires pour comprendre le monde d'aujourd'hui et réfléchir sur nos lendemains. Des films qui poseront un regard neuf sur l'autre, l'étranger tout en tendant vers l'objectivité afin de rendre palpable notre réalité historique et tenter le changement...