Bien que très peu distribué dans nos rares salles, les films de Rabah Ameur-Zaïmeche, intéressent les télévisions et les festivals étrangers. Son long métrage "Wesh wesh" (Qu'est ce qui se passe ?), qui a raflé en 2002 le prix Louis-Delluc du premier film, était diffusé le 20 juin dernier en prime time sur France ô. Coécrit entre 1987 et 1994 par lui-même et Madjid Benharoudj, à partir, confiera le cinéaste, de leur envie de faire bouger les choses et de leurs travaux d'anthropologie urbaine, "Wesh, wesh ", a été montré à Berlin et Belfort. Avec ses 67 522 entrées pour un budget de 0,23 millions d'euros et 33 copies, " Wesh Wesh " s'est imposé à la 4e place dans l'amortissement des films français en salles en 2002. Après son succulent, " Bled Number One ", paraphé en 2006, le réalisateur récidive avec, tout à fait autre chose, "Les Chants de Mandrin", quatrième long métrage du cinéaste qui s'est vu décerner le 4 mai dernier, avant même sa sortie, le prix Jean Vigo 2011. Ce trophée récompense "un auteur d'avenir". " Wech Wech " parle des chances de s'en sortir dans une France impitoyable et trop rigoureuse sur ses lois vis-à-vis des banlieusards. Après une condamnation à une "double peine", peine de prison assortie d'une expulsion du territoire, Kader retrouve sa cité des Bosquets à Montfermeil (Seine Saint Denis) où il est né et où vit toujours sa famille, mais en infraction avec une loi qui fait de lui un "clandestin". Rythmée comme un thriller, cette fiction sur le fil du documentaire observe ses chances de tirer son épingle du jeu. Dans ce film, où le réalisateur joue les rôles principaux avec sa famille et ses amis, on découvre tout le talent d'un cinéaste qui vit depuis plusieurs années en France et qui a autofinancé et autoproduit son œuvre. Rabah Ameur- Zaïmeche, présentait pour la première fois en 2006 son deuxième long métrage, " Bled Number One " au cinéma l'ABC. Tout fier, il avouait que le tournage s'était fait "à Skikda, ma ville natale où je n'y suis pas allé depuis 17 années". Un film d'ailleurs paraphé, trois années après son premier long métrage, "Wesh Wesh" qui a remporté le Prix de la jeunesse au Festival de Cannes 2006 où il a été projeté dans la section, " Un certain regard". Si " Bled Number One" est touchant , c'est qu'il s'agissait d'un drame. Il est vrai qu'il y a beaucoup de dialogues dans le long métrage, mais l'image, hautement expressive, vous fait titiller tant elle replonge dans cette Algérie populaire des maisons vieillottes, des routes défoncées et des magasins en baraques. "La plupart des acteurs sont des membres de ma famille dont la plupart n'ont jamais figuré dans une œuvre cinématographique. Mais je les trouve géniaux et même eux, quand ils se sont vus, ont vécu un moment très émotif " se rappelait encore ce réalisateur jeune qui espérait que son film, "provoquera en Algérie un échange, un vrai dialogue aussi libéral que démocratique avec le public algérien ". Beaucoup de journalistes sont allés le voir, la Radio Chaîne II lui avait ouvert ses ondes, d'autres gazettes ont concédé des espaces pour son film, …mais le débat public, y en avait point. La représentante du Cinéma du losange, qui l'avait accompagné, soutenait la sortie internationale de ce film est " une véritable réussite, et qu'en France seulement il a enregistré pas moins de 100 000 entrées en une semaine" dira-elle, en avouant que ce produit vivait " une très belle carrière que ce soit au Canada ou ailleurs". Un succès qui est allé, d'ailleurs, droit au cœur de Rabah Ameur-Zaïmeche, qui souhaite passer très vite à autre chose. Et bien il a tenue parole avec son tout nouveau "Les Chants de Mandrin". Entre projets et réalité Nous y voici : "Les Chants de Mandrin " ! En fait, le réalisateur était en plein dans le processus filmique d'une trilogie, puisque déjà l'avant-dernier long métrage est la suite logique de " Wesh Wesh ". " Bled Number One ", dont la fin est ouverte puisque Kamel, (Rabah Ameur- Zaïmeche) le personnage central du film, qui découvre son Algérie dont il ne connaît rien, étouffe. Il est au bord de la folie; son rêve c'est d'aller ailleurs par n'importe quelle manière… "L'on peut imaginer Kamel embarquer dans un bateau clandestin avec plein de jeunes et atterrir sur les côtes tunisiennes… " proposait le réalisateur ". Avec Les Chants de Mandrin, Rabah-Ameur Zaïmèche se penche sur la vie du hors-la-loi Mandrin (1725-1755), une sorte de bandit politique en révolte contre l'Ancien Régime, dont la légende naît au pied du gibet et dont il reste une complainte qui vante ses faits d'armes. " Le film nous replonge dans l'univers historique du 18e siècle où il s'agit d'honneur et de politique. Paraphé cette année, le film n'est malheureusement pas distribué chez nous mais en Outre-mer. ?à ne semble pas être non plus une suite logique de ce qu'il a signé auparavant et de ce qu'il entreprenait de réaliser à l'avenir. Mais bon. Ce quatrième long métrage du cinéaste, raconte qu'après " l'exécution de Louis Mandrin, célèbre hors-la-loi et héros populaire du milieu du XVIIIe siècle, ses compagnons risquent l'aventure d'une nouvelle campagne de contrebande dans les provinces de France. Sous la protection de leurs armes, les contrebandiers organisent aux abords des villages, des marchés sauvages où ils vendent tabac, étoffes et produits précieux. Ils écrivent des chants en l'honneur de Mandrin, les impriment et les distribuent aux paysans du royaume." Soutenu par les régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, " Les Chants de Mandrin " a été tourné à la fin de l'automne dans l'Aveyron et dans l'Hérault, avec Hippolyte Girardot, Sylvain Roume, Abel Jafri, Jacques Nolot, le philosophe Jean-Luc Nancy et le réalisateur. Distribué par MK2, le film de 90 mn est une coproduction Franco-espano-belge. Vivement qu'il soit distribué dans l'une de nos salles.