Les pharmaciens ont ras-le-bol de ces tensions qui touchent les médicaments Ce syndicat situe les défaillances à tous les niveaux: l'importation, la production et la distribution... La pénurie du médicament fait encore parler d'elle! Le Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo) désavoue sa tutelle en affirmant que la crise du médicament est persistante. «La crise du médicament est bien là», a lancé, comme un pavé dans la mare, le président du Snapo, Messaoud Belambri, lors de son intervention dans l'émission quotidienne de la Radio nationale Chaîne III «L'invité de la rédaction». Pour M.Belambri, la situation au niveau des pharmacies reste perturbée. «Elle est toujours touchée par l'indisponibilité de certains médicaments», affirme-t-il, avant d'ajouter que cette pénurie touche presque 200 médicaments! «Au bas mot, je dirais qu'aujourd'hui il y a un manque de près de 150 médicaments et un peu plus de 70 DCI (Dénomination commune internationale)», assure-t-il en indiquant que cette pénurie dure depuis plus de trois ans. «Il faut comprendre qu'il y a plusieurs facettes de rupture», souligne le président du Snapo. «Il y a des médicaments qui rentrent en quantités insuffisantes. Ce qui fait qu'ils apparaissent sur le marché pour quelque temps mais disparaissent très vite», explique-t-il. «Il y a d'autres qu'on trouve difficilement après plusieurs semaines de recherche», poursuit-il pour mieux comprendre ces tensions. Cette situation a, selon, M.Belambri, provoqué la lassitude au niveau de la profession. «On se retrouve à vendre du para-pharmaceutique pour remplacer certains médicaments», peste-t-il. «Mais ces derniers n'ont pas les mêmes effets, étant donné qu'ils ne sont pas des médicaments», ajoute-t-il. Les pharmaciens ont donc ras-le-bol de ces tensions qui touchent les médicaments. Mais qui est donc responsable de cette situation? Le président du Snapo ne s'est pas fait prier pour répondre à la question. «Nous situons les défaillances à tous les niveaux: l'importation, la production et la distribution», certifie-t-il. «Oui, même au niveau de la production, il y a des manquements, vu que certains producteurs manquent de matières premières», rajoute-t-il. «Je ne sais pas s'ils ne s'y prennent pas à temps ou c'est à cause de la demande qui a augmenté par rapport à leurs prévisions; mais une chose est sûre, ils n'arrivent plus à satisfaire la demande», réplique-t-il. Messaoud Belambri est également revenu sur la distribution. «Il y a une mauvaise distribution, une mauvaise couverture. Il y a même des rétentions de stocks», atteste-t-il. Les lobbys sont donc pour lui une réalité. «Oui, il y a monopole de certains distributeurs qui dictent leurs lois aux producteurs nationaux et même aux grands laboratoires mondiaux qui avouent, d'eux-mêmes, que ces distributeurs ont le droit de vie ou de mort sur certains produits», témoigne M.Belambri. «Il y a des comportements non déontologiques qui sévissent au niveau de toute cette chaîne. Celle-ci répond uniquement aux règles économiques, financières et commerciales, la déontologie est mise de côté!», dénonce-t-il. C'est ainsi qu'il estime que la crise du médicament est la conjugaison de tous ces facteurs. Quelles sont alors les solutions adéquates pour se débarrasser de ce problème qui perdure? Le Snapo appelle le ministère de la Santé a une «réforme profonde en association avec tous les acteurs au sein de ce marché», clame-t-il. «C'est le moment de tirer un trait sur le système prévisionnel et de programme d'importation», suggère-t-il surtout qu'il précise que ce programme n'est pas toujours respecté par les opérateurs. «Il faut donc une réforme profonde. Des outils pour la régulation. Mais surtout appliquer la loi sur l'agence du médicament», garantit-il tout en rappelant l'urgence de lancer cette agence. «Ce n'est pas la solution miracle, mais elle permettra un tant soit peu de stabiliser et réguler le marché», explique-il. Enfin, le président du Snapo appelle à une révision des marges bénéficiaires des pharmaciens car, dit-il, ils n'arrivent plus à s'en sortir. «Beaucoup de mes confrères ont fermé boutique et d'autres songent à leur emboîter le pas», conclut-il.