A ce jour, les positions et les déclarations des uns et des autres diffèrent sur la question de la disponibilité ou non des médicaments. Malades confrontés à un véritable parcours du combattant et pharmaciens dont les officines sont vides, affirment qu'il y a pénurie. Le ministère parle de facture d'importation de plus en plus élevée. Où se situe donc le mal ? Entre les mains de cette puissante mafia du médicament ? Actuellement, le citoyen est face à des assurances, celles données par ministère de la Santé et la Pharmacie centrale des hôpitaux (Pch), et le démenti d'une autre partie apporté par les praticiens de la santé publique et les pharmaciens d'officines. Interrogé sur cette question, le président du Syndicat national des pharmaciens d'officines (Snapo), Messaoud Belambri, a expliqué que la situation au niveau des pharmacies d'officines reste perturbée. «Elles sont toujours touchées par l'indisponibilité de pas mal de médicaments. Au jour d'aujourd'hui, nous sommes à environ 150 médicaments indisponibles», a-t-il indiqué. Selon lui, cette pénurie a créé un sentiment de lassitude au sein de la profession. «On remarque que les pharmaciens commencent à baisser les bras. Il y a même certaines pratiques qui montrent que bon nombre de confrères s'orientent vers la parapharmacie pour remplacer dans certains cas des médicaments par d'autres produits qui ne sont pas proprement dits des médicaments et qui malheureusement ne peuvent pas avoir les mêmes effets», a indiqué M. Belambri. Intervenant ce matin sur les ondes de la chaîne III, il a expliqué qu'il y a plusieurs facettes de rupture. «Il y a des médicaments qui rentrent en quantités insuffisantes et qui se trouvent sous tension et il y a d'autres médicaments qu'on trouve vraiment difficilement après des semaines de recherches», a-t-il dit. Dans ce sillage, il a rappelé que l'Algérie compte plus de 500 grossistes spécialisés dans le médicament et environ 8 500 pharmaciens d'officines. «Je pense qu'il est difficile à un pharmacien de faire tous les grossistes d'Algérie pour satisfaire la demandes de ses patients», souligne le président du Snapo. «Nous sommes en train de patauger depuis des années dans un système qui a, à notre avis, montré ses limites. On a toujours demandé à ce qu'il y ait une communication collaborative afin de sortir de ce système de prévision et des programmes d'importation approuvés qui, par la suite, ne sont pas correctement respectés par certains opérateurs», a-t-il ajouté. «Une telle situation pourrait avoir des conséquences graves sur la santé publique. C'est pour cela que nous insistons sur la nécessité de réformer le système actuel. On ne peut pas rester dans un système qui fonctionne uniquement avec des programmes d'importation d'une année», a-t-il ajouté. Il ne faut pas se leurrer, la question de pénurie des médicaments est complexe. En effet, d'un côté à la PCH on parle de disponibilité des médicaments et d'importations massives qui sont effectuées durant les quatre premiers mois de l'année en cours. Preuve en est la facture qui a atteint les 720 millions de dollars. D'un autre côté, les praticiens de la santé et les pharmaciens crient à la pénurie. A une question de savoir concrètement à qui incombe la responsabilité de ces pénuries répétitives, le président du Snapo a indiqué que «pour le réseau officines et en tant que syndicats, nous situons les défaillances à tous les niveaux. A savoir au niveau de l'importation, de la production, puisque même certains producteurs manquent de matières premières, et au niveau de la distribution», a-t-il relevé. Outre cela, il a précisé aussi qu'il y a une mauvaise distribution et une mauvaise couverture.» Comme si cela ne suffisait pas, il y a des rétentions de stocks. Il y a un comportement qui n'est pas déontologique au sein de toute cette chaîne», a-t-il conclu. Certains grossistes qui ont le monopole Ils ont le droit de vie ou de mort… Le marché national du médicament est le monopole d'une dizaine de grossistes sur les quelque 500 existants actuellement. Ces grossistes disposent d'un pouvoir financier énorme. «Le monopole existe de fait de par les chiffres d'affaires énormes de certains distributeurs au sein du secteur», a expliqué M. Belambri. «On a entendu des producteurs locaux et de grands laboratoires internationaux se plaindre justement de certaines pratiques de la distribution qui disent clairement à tout le monde et de manière ouverte que des distributeurs ont le droit de vie ou de mort sur certains produits», a-t-il affirmé. «Nous souhaitons qu'avant tout ce soient la déontologie et la morale qui régissent les pratiques au sein du secteur du médicament à tous les niveaux», a-t-il ajouté.