Le marché du médicament pose problème. Le président du Snapo estime qu'une «refonte» de ce marché est nécessaire. La pénurie des médicaments en Algérie ne semble pas près de prendre fin, du moins pour les semaines à venir. En effet, malgré la récente décision du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès, le Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (Snapo), reste sceptique quant à la suite de cette crise qui frappe le secteur du médicament en Algérie. Pas moins de 10 milliards de dinars ont cependant été injectés dans ce secteur pour pallier la non-disponibilité de certains médicaments sur le marché national, a expliqué lundi, M.Ould Abbès. Pour Messaoud Belambri, président du Snapo, «les décisions prises par la tutelle ne sont pas en mesure de parer à la crise des médicaments», estimant que «les pharmacies ne tireront aucun bénéfice de telles mesures, elle resteront en manque». Joint hier au téléphone par L'Expression, M.Belambri a expliqué que les difficultés dont souffre le marché des produits pharmaceutiques relèvent des importateurs et des distributeurs. «Le marché des médicaments est tributaire des opérateurs privés d'importation et de distribution, et l'argent injecté par les pouvoirs publics est destiné à la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH)», a-t-il fait remarquer. Le président du Snapo pousse le bouchon plus loin en estimant que les dix milliards dégagés par le département de Djamel Ould Abbès servent avant tout les besoins de la PCH qui, selon lui, se trouve en difficulté de trésorerie. Il y a lieu de relever à ce titre que le ministre a souligné les difficultés financières que connaît cette structure, dont les redevances sont estimées à 14 milliards de DA, tandis que ses dettes seraient de 19 milliards de DA. De ce fait, une aide de l'Etat lui a été attribuée pour le maintien de la disponibilité des médicaments pour l'ensemble des établissements hospitaliers. La PCH est une pharmacie qui relève du secteur de la santé, elle a en charge la mission d'approvisionner les hôpitaux en matière de produits pharmaceutiques. S'agissant des solutions, M.Belambri, estime qu'une «refonte» «du marché des médicament» est nécessaire. Il déplore à ce propos que le marché du médicament soit encore géré d'une manière anarchique, faute de communication et d'organisation entre les structures concernées, notamment les hôpitaux et la PCH, sans pour autant responsabiliser le ministère de la Santé. Le ministère de la Santé a estimé, lundi dernier, que le nombre de médicaments indisponibles sur le marché national est de l'ordre d'une quarantaine, estimation qui ne prend pas en compte ceux fabriqués en Algérie. Le problème est donc posé, du moment que même les médicaments produits localement ne sont plus disponibles dans les pharmacies. Cela est expliqué, selon les spécialistes, par leur indisponibilité au niveau de l'usine mère ou l'abandon de la production par cette dernière, ainsi que l'abstention de certains grossistes d'acheter certains médicaments malgré leur disponibilité sur le marché international. L'attente de l'obtention du prix référentiel fixé par le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, procédure qui précède l'entrée du médicament sur le marché, est aussi à l'origine de cette indisponibilité.