Un mois après son élection à la tête de l'Etat français, et avant le premier tour dimanche des législatives, M. Hollande recueille les fruits de ses efforts pour imposer l'image d'un président «normal», sobre et simple. Cote de confiance en hausse, intentions de vote favorables, le nouveau président français François Hollande bénéficie d'une période de grâce avant de mettre en oeuvre des mesures probablement impopulaires et paraît bien placé pour obtenir une majorité parlementaire. Le socialiste tire également bénéfice des premières mesures symboliques rapidement mises en oeuvre pour trancher avec son prédécesseur conservateur Nicolas Sarkozy: baisse de 30% de son salaire et de celui de ses ministres, limitation des rémunérations des patrons des entreprises publiques, réduction du train de vie de l'Etat avec déplacement des membres du gouvernement en train plutôt qu'en avion. Avec 58% à 62% d'opinions favorables selon les sondages de LH2 et Viavoice, il est quasiment au niveau de popularité de M.Sarkozy lors du début tonitruant de son quinquennat en 2007. Selon Viavoice, les Français font confiance au chef de l'Etat et au gouvernement pour «améliorer la situation de l'Education nationale» ainsi que pour «trouver des accords avec les syndicats» (72% chacun), «relancer la croissance» (56%) et «éviter un trop grand nombre de plans sociaux» (53%). En revanche, les Français sont plus prudents concernant la capacité de l'ancien patron du Parti socialiste à «améliorer la situation de la zone euro», «réduire les déficits publics» et «réduire le chômage». Lors des législatives du 10 et du 17 juin, la gauche, et au premier chef le Parti socialiste, espère gagner pour éviter une cohabitation qui bloquerait les projets de réformes et de relance de la croissance de M.Hollande. Selon l'institut de sondage LH2, avec 30% des intentions de vote au 1er tour, le Parti socialiste arrive juste derrière l'UMP (30,5%), mais les alliances avec divers candidats de gauche, les écologistes et le Front de gauche (radical), lui permettent d'obtenir une très nette majorité au 2e tour (44,5%). Le Front national de la chef de file de l'extrême droite Marine Le Pen est crédité de 0 à 3 députés malgré 14% des intentions de vote en raison du système de scrutin majoritaire à deux tours qui le défavorise. Pour Adélaïde Zulfikarpasic, analyste à LH2, si «ces résultats écartent en grande partie l'hypothèse d'une cohabitation, un doute persiste sur la composition de l'alliance parlementaire qui donnera au PS une majorité à l'Assemblée nationale». Les sondeurs mettent en avant trois paramètres: l'érosion probable du vote UMP, l'incertitude sur le score des partis de gauche, le poids grandissant de l'extrême droite. Après les législatives et dans l'hypothèse d'une victoire, le gouvernement de François Hollande devra s'attaquer au gros des réformes tout en tenant compte de l'état des comptes publics. Pendant la campagne, le candidat Hollande n'avait pas caché son intention de faire payer «les ménages les plus aisés» et les grandes entreprises. Les socialistes pourraient notamment augmenter les dépenses au risque de laisser filer son déficit alors que Paris s'est engagé auprès de Bruxelles à ramener son déficit à 3% du PIB l'an prochain et à l'équilibre à l'horizon 2017. Selon le journal Le Figaro, un rapport de l'Inspection générale des finances chiffre déjà à près de 4 milliards d'euros par an les économies à consentir pour respecter l'objectif de réduction du déficit. La gauche, qui veut mettre fin à la politique d'austérité, a promis l'embauche de plusieurs dizaines de milliers de fonctionnaires pour l'éducation et la sécurité. Le député Gilles Carrez (UMP), rapporteur général du Budget dans l'Assemblée nationale sortante, a ainsi critiqué le gouvernement, estimant que ses premières décisions aboutiront à «20 milliards de dépenses publiques supplémentaires d'ici cinq ans».