L'Organisation de coopération de Shanghai (Chine, Russie et quatre pays d'Asie centrale), qui se réunissait hier et aujourd'hui à Pékin, s'est imposée progressivement comme une alternative à l'influence des Etats-Unis. Les origines de l'organisation - 43% de la population mondiale aujourd'hui, en incluant ses observateurs - remontent à 1996, cinq ans après l'effondrement de l'Union soviétique. Moscou, Pékin et trois pays d'Asie centrale frontaliers de la Chine - Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan - avaient alors signé l' «Accord de Shanghai» destiné notamment à réduire les tensions et à renforcer la coopération militaire. Il conduira, en 2001, à la création de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) en tant qu'institution, avec la présence d'un nouvel acteur, l'Ouzbékistan. Quatre autres pays sont observateurs: Mongolie, Iran, Inde et Pakistan. La charte de l'OCS, adoptée en juin 2002, souligne que l'Organisation, dont les deux figures de proue, Chine et Russie, sont membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et militent pour un monde multipolaire, n'est «dirigée contre aucun Etat ou organisation internationale». Cependant, dans les faits, l'organisation régionale s'est imposée comme une alternative à l'influence des Etats-Unis et de l'Otan en Asie centrale, une région stratégique, à la fois pour ses ressources naturelles, mais aussi pour sa proximité avec l'Afghanistan. Lors du sommet de l'OCS l'an dernier à Astana, la capitale kazakhe, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad avait dénoncé «le colonialisme» occidental et jugé que les attentats du 11 septembre 2001 étaient un complot pour «envahir l'Afghanistan et l'Irak». Outre l'objectif proclamé de coopération régionale dans des domaines aussi divers que la défense, l'économie, l'énergie ou l'environnement, l'OCS affirme vouloir lutter contre le «terrorisme, le séparatisme et l'extrémisme». En 2007, les six pays ont organisé leurs premières manoeuvres militaires communes en Russie, dans le sud de l'Oural. En terme de superficie, l'OCS représente la plus grande organisation régionale. Et, si on inclut les observateurs, elle s'étend même jusqu'à l'Océan indien et au Proche-Orient. Ses membres disposaient de 17,5% des ressources de pétrole de la planète et près de la moitié de celles connues de gaz naturel, selon une étude publiée en 2007 de l'Institut international de recherche pour la paix de Stockholm (Sipri). En Occident, l'OCS est souvent critiquée en raison de la présence de régimes autoritaires. Mais certains observateurs notent que cette jeune organisation a su trouver sa place et qu'elle est là pour durer. Cependant, la brève guerre russo-géorgienne en août 2008, la première vraie crise militaire à laquelle était confrontée l'organisation, en a montré les limites. La Chine et les quatre pays d'Asie centrale avaient prudemment refusé de suivre la Russie dans la reconnaissance de l'indépendance des provinces rebelles géorgiennes de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie.