Poutine mobilise ses partenaires asiatiques, y compris le Chine, pour faire savoir à Bush que son unilatéralisme est passé. L'OSC a clôturé un cycle de manœuvres militaires destinées à montrer la remontée en puissance des ex-pays de l'Est. Les présidents Vladimir Poutine, Hu Jintao et quatre chefs d'Etat d'Asie centrale ont assisté à des manœuvres militaires sans précédent des six membres de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS). C'est, aux yeux des commentateurs occidentaux, une “démonstration” de force face au monde occidental, le langage de la guerre froide. L'exercice, qui s'est déroulé dans la région de Tcheliabinsk, dans le sud de l'Oural, clôture une suite de manœuvres sans précédent intitulées “Mission de Paix 2007”, qui ont débuté le 9 août en Chine avant de se poursuivre en Russie. C'est la première fois que tous les pays de l'OCS participent à ces exercices qui s'étalent sur neuf jours et impliquent plus de 6 000 hommes issus des forces armées des six pays membres : Chine, Russie, Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan et Ouzbékistan. L'OCS, créée en 2001 pour lutter contre le terrorisme et dont le dernier sommet s'est déroulé à Bichkek, avant l'ouverture des manœuvres militaires, ambitionne de devenir un sérieux contrepoids face à l'influence américaine dans le monde. Les dirigeants de l'OCS SC n'ont pas manqué de redire leur opposition à l'hégémonie des Etats-Unis, au cours de ce sommet organisé dans l'ex-république soviétique du Kirghizstan. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, qui a également participé à ce sommet en tant qu'observateur, devait, pour sa part, qualifier le projet américain de bouclier antimissiles de menace pour toute l'Asie. L'Iran souhaite passer du rang d'observateur à l'OCS à celui d'Etat membre dès lors que l'OCS est devenue un moyen de contrer l'influence américaine en Asie centrale, une région stratégique riche en hydrocarbures. Si la Russie a financé la majeure partie des manœuvres de l'Oural, celles-ci n'en marquent pas moins une nouvelle étape de la coopération militaire entre la Chine et la Russie. Pékin a fourni 1 700 militaires et envoyé des avions militaires et des hélicoptères sur le site d'entraînement de Tchebarkoul, a précisé le quotidien officiel russe Rossiïskaïa Gazeta. Les exercices devaient mettre en scène une force de feu impressionnante contre un millier d'insurgés ayant saisi un village, pris des otages et qui tentent de traverser une frontière toute proche. La mobilisation de cette partie de l'Asie sous la casquette de Moscou et de Pékin intervient au moment où le président américain est au plus bas dans les sondages, y compris parmi sa famille politique, les républicains, qui ne souhaitent plus s'afficher en sa compagnie ! D. B.