L´Organisation de coopération de Shanghaï (OCS), contrepoids à l´influence américaine en Asie centrale, a consacré hier l´essentiel de son sommet à l´Afghanistan, le président iranien dénonçant devant ses homologues russe et chinois «le colonialisme» occidental. Réunis à Astana, la capitale kazakhe, les présidents des pays de l´OCS (Russie, Chine, Kazakhstan, Ouzbékistan, Tadjikistan et Kirghizstan) ont célébré les dix ans de cette organisation en présence d´autres acteurs de premier plan dans la région, l´Iranien Mahmoud Ahmadinejad, l´Afghan Hamid Karzaï et le Pakistanais, Asif Ali Zardari. La situation en Afghanistan était au coeur des discussions, l´OCS se montrant régulièrement critique à l´égard des opérations de l´Otan dans ce pays. Le Kirghizstan et le Tadjikistan accueillent pourtant des bases militaires occidentales pour soutenir les opérations sur le terrain afghan. «L´OCS milite pour que l´Afghanistan devienne un Etat indépendant, neutre, pacifique et florissant. La paix et la stabilité de l´Afghanistan sont des clés de la stabilité régionale et internationale», ont souligné les Etats membres dans leur déclaration finale. La stabilité de l´Asie centrale est une question stratégique, ses richesses en hydrocarbures suscitant aussi bien les convoitises américaines que celles de la Russie, qui la considère comme sa zone d´influence traditionnelle, et de la Chine, dont la puissance dans la région ne fait que croître. Les pays de l´OCS ont aussi adopté une stratégie 2011-2016 pour lutter contre le trafic de drogue, l´Asie centrale étant une voie privilégiée par les contrebandiers afghans. Le président russe Dmitri Medvedev a appelé hier à resserrer les liens avec l´Afghanistan. «L´Afghanistan est notre voisin, et les relations avec l´OCS pourraient être plus étroites», a-t-il dit. Le chef de l´Etat kazakh, Noursoultan Nazarbaïev, a pour sa part appelé l´OCS à «demander à l´ONU et à la Cour pénale internationale de La Haye l´ouverture d´une enquête internationale» sur les réseaux afghans de trafic de drogue, les Etats-Unis étant régulièrement accusés de ne pas faire assez en la matière. Profitant de la tribune internationale qui lui était offerte, M. Ahmadinejad s´est, quant à lui, lancé dans un discours antioccidental: il a notamment jugé que les attentats du 11 septembre 2001 étaient un complot pour «envahir l´Afghanistan et l´Irak où plus d´un million de personnes ont été tuées ou blessées». «Il n´y a aucun doute que le monde est dirigé aujourd´hui par les esclavagistes et les colonialistes du passé. Ensemble, je pense que nous pouvons réformer la manière dont est dirigé le monde, nous pouvons rétablir la tranquillité du monde», a-t-il déclaré. M. Ahmadinejad s´est ensuite entretenu avec Dmitri Medvedev sur le programme nucléaire controversé de Téhéran, selon le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. «On a dit au président iranien la nécessité d´une coopération plus constructive avec les six, et le plus important, celle d´une plus grande transparence dans les contacts avec l´AIEA», a-t-il souligné. Le ministre faisait allusion au groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne) qui négocie avec l´Iran sur son programme nucléaire. M. Ahmadinejad ne s´était pas rendu en 2010 au sommet de Tachkent de l´OCS, l´Iran s´étant vu infliger à l´époque des sanctions par le Conseil de sécurité de l´ONU. L´Organisation avait aussi décidé à l´époque que ce pays ne pourrait en devenir membre aussi longtemps que ces mesures étaient en vigueur.