«La croissance en Algérie n'est pas fonction des recettes pétrolières, mais s'appuie sur d'autres facteurs.» Le ministre des Finances a-t-il pris le relais de Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, pour préparer l'opinion publique au retour sur la table du très controversé projet de loi sur les hydrocarbure? La réponse viendra certainement, les mois à venir, de l'APN. Car déjà les députés ont eu droit à une heure de plaidoirie au profit du bilan de Bouteflika, envers lequel ils se montrent sceptiques. Dès lors, beaucoup ont critiqué «l'optimisme des chiffres par rapport aux réalités du terrain». Visiblement confiant, Benachenhou a tenté de faire d'une pierre deux coups. En parfait technocrate, interprète de toute sorte de chiffres, il a défendu bec et ongles le bilan de Bouteflika tout en préparant l'entrée d'autres tumultueux sujets. Le ministre a annoncé la croissance tous azimuts en dehors du secteur des hydrocarbures: «La croissance économique enregistrée en Algérie n'est pas limitée aux secteurs des hydrocarbures (...). Elle n'est plus fonction des recettes pétrolières ou de la pluviométrie, mais s'appuie sur d'autres facteurs», a-t-il indiqué. Brandissant un tas de documents pleins de chiffres, il indiquera un taux de croissance de l'ordre de 7,5 % le secteur bâtiment, 6,7 % pour les services, 1,9 % pour l'industrie, tandis que les hydrocarbures et l'agriculture enregistrent respectivement 6,6% et 9 %. Soulignant soigneusement la contribution de chaque secteur à la progression du PIB, le ministre des Finances a souligné que les services contribuent à raison de 25 %, le bâtiment 8,8 %, l'industrie 6,6 %, l'agriculture 9,5 % et les hydrocarbures 36 %. Par ailleurs, concernant l'investissement, le ministre dira qu'«il est en augmentation», arguant, pour ce faire, de «la progression des prêts accordés par les banques aux investisseurs algériens qui passent de 993 milliards de DA en 2000 à 1 266 milliards de dinars en 2002, ainsi que l'augmentation des prêts à moyen terme de 492 à 710 milliards de DA durant la même période». Devant l'étonnement général, Benachenhou annoncera une baisse du taux de chômage, s'appuyant sur les statistique de l'ONS (Office national des statistiques). «Pas moins de 817.000 emplois ont été créés, entre 1999 et 2002», a-t-il déclaré. Le nombre de travailleurs «est passé, pendant cette période, de 6,7 millions à 6,9 millions». Le ministre des Finances a précisé que, selon l'ONS, le chômage est passé, durant cette période, de 29,2 % à 25,9 %, sans compter le secteur informel qui constitue, selon lui, 15 à 20 % de l'économie nationale. Concernant les programmes de développement, le ministre a indiqué qu'ils sont de l'ordre de 23 milliards de dinars pour cette année, 77 milliards de dinars pour l'année prochaine. De plus, 38 milliards de DA seront destinés à la réalisation de logements sociaux et à l'aide directe aux citoyens, 17 milliards de DA iront à la construction de petits barrages et d'infrastructures d'alimentation en eau potable et 12 milliards de DA à la réalisation d'infrastructures économiques et administratives. Quant au programme de reconstruction, le ministre a réitéré l'engagement de l'Etat à «reloger les familles sinistrées avant l'hiver prochain». 16.000 familles sinistrées seront relogées avant l'Aïd El Fitr, a affirmé Benachenhou. Le projet de loi de finances 2004 a consacré, selon le ministre, une enveloppe de 80 milliards de DA à la reconstruction, sachant que la loi de finances complémentaire 2003 a consacré à cette opération 144 milliards de DA.