Le texte, qui sera remis aux partenaires, est une copie conforme à l'ancienne mouture selon M.Chakib Khelil. Le ministre de l'Energie et des Mines, M.Chakib Khelil, a remis sur le tapis, encore une fois, le très controversé avant-projet de loi sur les hydrocarbures. Le premier responsable du secteur a affirmé hier sur les ondes de la Chaîne III que «ce texte sera présenté prochainement au gouvernement à l'occasion d'un conseil interministériel où l'ensemble des secteurs concernés auront à apporter leur avis pour l'enrichir». Mais, dans une réponse ne souffrant aucune équivoque, le ministre a tenu à apporter cette précision de taille: «Nous n'avons pas introduit des amendements importants sur l'ancienne mouture, c'est pratiquement le même texte qui sera exposé, c'est aussi la même mouture qui sera remis aux partenaires sociaux.» Après la décision de privatiser 1200 entreprises publiques sans le moindre préavis, la sortie de M.Khelil constitue un énième coup dur pour la Centrale syndicale qui avait crié à la victoire après la décision du gel de ladite loi, prise par le président de la République, le 24 février 2003, à l'occasion du double anniversaire de la création de l'Ugta et la nationalisation des hydrocarbures. Une décision qui lui a valu, quelques mois après, le soutien très précieux de Sidi Saïd dans sa course à la présidentielle. Une année après, Chakib Khelil revient à la charge, ce qui confirme que la position de Bouteflika à l'époque était motivée par une arrière-pensée électoraliste, mais aussi par un souci de calmer un front social en ébullition. Reste à savoir quelle sera la riposte de l'Ugta, qui se voit ainsi isolée des cercles de décision. Néanmoins, le ministre de l'Energie et des Mines tient à rassurer: «Il n'est pas question dans cet avant-projet de privatiser Sonatrach, mais de privatiser le secteur pour permettre à l'Etat de jouer son rôle en tant que puissance publique.» Autrement dit, «mettre entre les mains de l'Etat la gestion de la richesse nationale, qui est actuellement contrôlée par une société commerciale, dans l'objectif d'accroître les richesses de l'Etat». Rappelons qu'il est prévu dans le cadre de ce projet, la création d'une Agence de régulation contrôlée par les pouvoirs publics, qui aura à gérer les appels d'offres. Une démarche qui mettra Sonatrach sur un pied d'égalité avec les autres firmes pétrolières, tout en mettant fin à la prise de participations majoritaire, acquise automatiquement par la force de loi. Par ailleurs, les recettes de Sonatrach, qui contribuent à hauteur de 41% du PIB national, sont évaluées à 31 milliards de dollars pour l'année en cours contre 24 milliards en 2003. «Une recette qui sera allouée au plan de soutien à la relance économique», précise Chakib Khelil. La dépréciation du dollar par rapport à l'euro et son impact sur l'économie nationale, dans un pays qui tire plus de 96% de ses recettes en devises du secteur des hydrocarbures, est l'autre volet débattu par le ministre. Ce dernier reconnaît que cette dévaluation a eu un impact négatif sur le pouvoir d'achat des pays exportateurs de pétrole, à l'image de l'Algérie qui «achète 70 % de ses besoins sur le marché européen, alors que 30 % proviennent du marché américain». Il relève néanmoins, qu'il est souhaitable d'utiliser d'autres instruments pour gérer les pertes de change et se protéger des risques. A ce sujet, note-t-il, «les efforts devront être axés sur le développement des autres secteurs de production afin de ne pas rester dépendant des recettes pétrolières.»