L'Algérie, considérée comme la puissance régionale incontournable, peut-elle régler par le dialogue la crise malienne? Le Premier ministre malien, Cheikh Modibo Diarra, a effectué, hier, une visite de travail de deux jours en Algérie, à l'invitation de son homologue Ahmed Ouyahia, est-il indiqué dans communiqué du ministère des Affaires étrangères. M.Diarra est porteur d'un message du président de la République par intérim, Diacounda Traoré, au chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, précise la même source. Cette visite, la première d'un officiel malien depuis le putsch militaire du 22 mars dernier contre l'ex-président malien Amadou Toumani Touré, révèle et dénote son importance, suscitant d'ores et déjà moult interrogations aussi bien au plan régional qu'international. D'autant plus que cette visite sera, comme le souligne le communiqué du MAE, «une opportunité pour les parties algérienne et malienne d'aborder en profondeur la situation au Mali et au Sahel». Une région qui risque de connaître une sorte de somalisation depuis que le nord du Mali est tombé entre les mains du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (Mnla) et des groupes islamistes Aqmi, Mujao et Ançar Edine, alors que le Sud n'a pas encore retrouvé sa stabilité malgré le protocole d'accord signé entre la Cédéao et la junte putschiste pour l'amorce d'une transition. L'Algérie, considérée comme la puissance régionale incontournable, peut-elle régler par le dialogue la crise dans laquelle a sombré le Mali, avec un Sud sans institution stables et un Nord fragmenté par des groupes terroristes et mafieux? La mission n'est pas si facile, néanmoins il convient de souligner que l'Algérie a bien réussi par le passé à réconcilier le Nord et le Sud. En outre, Alger croit dur comme fer que seul «l'accord d'Alger» signé en 2006 entre le gouvernement malien et les mouvements de la rébellion touarègue dans le nord du Mali reste le cadre approprié pour trouver des solutions aux problèmes qui se posent actuellement entre les deux parties. Pour Alger, il est signalé que les priorités sont dans «le nécessaire parachèvement du processus de retour à l'ordre constitutionnel, avec la consolidation d'institutions fortes, consensuelles et légitimes, l'exercice par l'Etat malien de ses prérogatives sur tout son territoire, à la prise en charge du volet humanitaire en passant par la préservation de l'intégrité territoriale et de la souveraineté du Mali». Ainsi, il est donc préconisé la promotion d'une solution politique grâce au dialogue entre le gouvernement et les rebelles du Nord, qui prenne en charge les revendications légitimes des populations, et la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Sur un autre plan, le groupe de soutien et de suivi sur le Mali, créé par l'UA, réuni jeudi à Abidjan, recommande dans ses conclusions de faire appel au Conseil de sécurité de l'ONU pour un appui à une intervention militaire dans le nord du Mali. Dans cette hypothèse, l'Algérie ne s'impliquera pas directement, mais pourrait apporter un soutien logistique à une opération militaire. Des sources régionales précisent enfin que deux officiers maliens loyalistes, les colonel-majors Ould Meidou et Gamou ont été reçus à Alger. L'Algérie cherche-t-elle des partenaires locaux pour imposer la paix au Nord?