[Un CC du FLN pas ordinaire du tout]Un CC du FLN pas ordinaire du tout Au sommet du FLN, les jours passent et se ressemblent. En 2003, un groupe d'individus s'étaient constitués en mouvement de redressement et avaient éjecté le secrétaire général d'alors, Ali Benflis, pour laisser la voie libre à la candidature de Bouteflika. Ces jours-ci, un autre groupe s'est, lui aussi, constitué en mouvement de redressement et tente d'arriver au même objectif, c'est-à-dire mettre fin aux fonctions de Belkhadem. Sans même poser la question «à qui ils veulent débroussailler le chemin d'El Mouradia», on peut dire que, tout compte fait, cela prend la forme d'une mauvaise habitude. Dans la lutte qui oppose les pro aux anti-Belkhadem, tous les moyens sont bons, d'un côté comme de l'autre. Et les Algériens ont eu droit à un spectacle pitoyable, le plus décevant que le FLN ait jamais eu à donner depuis qu'il existe. Ce qui fit dire, à juste titre d'ailleurs, à un confrère que «ceux qui disaient et soutenaient qu'il fallait remiser le FLN au musée ont forcément raison». S'il ne fait pas de doute que la présidentielle de 2014 explique, pour beaucoup, ce qui arrive au FLN, il demeure néanmoins nécessaire de se rendre à l'évidence que ce rendez-vous n'est pas le seul facteur explicatif et qu'il en existe d'autres qui ont leur part dans ce dégât qui risque de s'inscrire dans la durée. En cinquante ans d'indépendance, l'Algérie a toujours eu le FLN au sommet. Une Algérie dont le diagnostic est loin de susciter la joie sur tous les plans et dont le bilan désastreux est à mettre, pour une grande part, sur le compte et la responsabilité de ce parti. Il est donc un certain cordon ombilical qui lie le FLN à l'Algérie. Un cordon dont beaucoup ont vite compris l'importance et l'opportunité et qui ne tarda pas, dès les lendemains de l'indépendance, à attirer opportunistes et affairistes. Tous ne furent pas de cette espèce, hacha! Mais nombreux étaient ainsi. Ceux prônant le militantisme du ventre, les apôtres du charlatanisme politique des plus vils, ceux qui ramènent les rêves du pays et ceux de leur petite personne, les clients, ceux de leurs clients, etc. Dans l'imaginaire du citoyen, le FLN est fortement lié à l'histoire contemporaine de l'Algérie. On ne peut parler, en effet, de révolution armée, d'indépendance et de politique sans avoir à citer, à un moment ou à un autre, le FLN tantôt en tant qu'appareil présidant aux destinées du pays, tantôt en tant que Parti au pouvoir. Toujours du même côté de notre histoire, jamais dans l'opposition. Cette position particulière a fait aussi que le FLN soit le parti qui a donné au pays tous ses présidents. Tous ceux qui ont présidé au destin de ce pays sont, sans exception, passés par le FLN. Ben Bella, Boumediene, Chadli, Boudiaf, Zeroual, Bouteflika et même Bitat (qui eut à assumer quelque temps les hautes charges de l'Etat suite au décès de Houari) ont été, en effet, cadres responsables ou membres de ce parti. De ce fait, au FLN on ne veut pas que l'habitude soit cassée. On pense à la présidentielle de 2014, et il est tout à fait légitime aussi pour l'actuel SG d'avoir des ambitions pour El Mouradia. Or, certains «cadres» du FLN trouvent que Belkhadem ne mérite pas de se présenter au nom du FLN. Et c'est ce qui explique la pagaille qui a dégénéré en violence le week-end passé. Nous ne défendons pas Belkhadem (il appartient à d'autres de le faire s'ils en ont envie) mais au-delà des raisons apparentes qui poussent les «redresseurs» à agir de la sorte, et sans tenir compte de leurs motivations réelles, il est une chose qui importe pour le moment, c'est la manière. C'est la décence dans laquelle on peut et on doit faire les choses lorsqu'on nourrit des ambitions politiques quand bien même sont-elles indues. Dans ce bras de fer où le coup de force cherche à résoudre des problèmes de valeurs, on constate, médusés, combien le FLN est ligoté à des ambitions individuelles décalées. Comme si le peuple n'en a pas assez de retrouver toujours les mêmes revenants. Depuis les années soixante, ce sont les mêmes. A chaque veille d'élection, on retrouve leurs noms dans les journaux. On retrouve leurs déclarations de guerre. D'ailleurs, celles faites à Benflis sont celles-là mêmes faites à Belkhadem. C'est à croire que certains ne peuvent se maintenir sur une scène politique que par le biais du «redressement». Concernant l'évolution de la «chose», on en a déjà une idée puisque certains ont déclaré qu'ils vont déposer plainte contre le SG au ministère de l'Intérieur (??) et au niveau de celui de la Justice (??) (pour dire certainement devant les tribunaux), autrement dit bonjour les longs feuilletons! Ce qui enflamme l'opposition à Belkhadem c'est paradoxalement son bon résultat. La mise électorale raflée lors des dernières législatives donne sans doute des idées, beaucoup d'idées, à ceux qui, sous des gesticulations incompréhensibles, cacheraient leur envie d'écarter Belkhadem de... leur propre chemin vers El Mouradia. A part le fait que ce résultat du FLN peut être interprété de plusieurs manières, toutes défavorables à cette basse comptabilité égoïste, il y a lieu de rappeler que l'on ne va pas vers un destin national comme on va vers un match de football, pancarte en l'air et nombril dehors. C'est devenu une manie chez le FLN que ses membres s'entre-déchirent la veille d'élections. Est-ce là le signe d'un étouffement du parti?. Sans doute! Est-ce le signe d'un manque d'imagination chez certains? Très probable! A moins que ces convulsions épisodiques ne soient en réalité un nouveau mode de management des organisations politiques, la gestion par la contestation. Dans la réalité, les jeunes Algériens, contrairement aux plus âgés, ne savent rien du FLN, de son rôle historique, mais ils savent par contre le lier à leur chômage, à la dégradation de tous les aspects de leur vie. Ils savent aussi qu'il existe, entre eux et ces gens qui les ont toujours oubliés, un fossé historique, culturel et civilisationnel énorme. [email protected]