Le vide s'est fait autour de Belkhadem. Le secrétaire général du FLN est désormais assis sur un siège éjectable s'il se confirme que la pétition initiée par ses détracteurs membres du comité central exigeant la convocation extraordinaire de leur instance a effectivement réuni le quorum de signatures requis. Lancée ce week-end, la pétition a fait le plein non seulement des membres du CC acquis au mouvement dit du «redressement» mais aussi au sein du camp de leurs homologues jusque-là «légalistes» donc alliés à Belkhadem. Si ces derniers ont abandonné leur chef de file, ce n'est pas uniquement par fronde contre les listes de candidats qu'il a parrainés et dont certains d'entre eux en ont été exclus. Mais surtout parce qu'ils ont interprété le communiqué sibyllin rendu public par les services de la Présidence concernant la participation de Belkhadem au colloque de Marseille sur le cinquantenaire de la fin de la guerre d'Algérie comme signe du lâchage par Bouteflika de leur controversé secrétaire général. Leur ralliement au camp anti-Belkhadem rend inéluctable son éviction, s'il a été réellement abandonné par le président «d'honneur» du FLN. Mais il ne fait aucun doute que cet objectif qu'ils veulent réaliser arrive trop tard pour sauver le FLN de l'implosion et du spectre de la déroute électorale qui plane sur lui pour le 10 mai. Trop tard parce que le processus menant à cette implosion est consommé. Ces redresseurs qui sont partis en guerre contre Belkhadem ont certes donné l'impression qu'ils étaient conscients que c'est à cette finalité funeste pour le FLN que conduisait sa gestion du parti. Mais en faisant de Belkhadem le problème fondamental du FLN, ils se sont consciemment ou inconsciemment carrément trompés de cible. Ils savent tous que la stratégie du pourrissement au FLN a été concoctée ailleurs que dans le cercle de Belkhadem et de ses affidés, que le parachutage de celui-ci à la tête du parti en était le signal précurseur. Ils ont pourtant laissé faire, même cautionné la prise de contrôle du FLN par Belkhadem. Sachant que Belkhadem n'a été intronisé que parce que favorable à l'option islamo-conservatrice insidieusement imprimée au parti, ils se sont gardés et se gardent encore d'en désigner et de combattre le vrai concepteur et promoteur. Bouteflika a peut-être retiré sa caution et son soutien à Belkhadem. Cela ne veut pas pour autant dire qu'il abandonnera le contrôle du FLN aux adversaires de cette option dont il est le maître d'œuvre. En sacrifiant Belkhadem, le président «d'honneur» fera coup double. Démontrer d'abord qu'il reste le patron du parti et renvoyer ensuite à son néant politique un personnage auquel à tort ou à raison il est prêté l'ambition de briguer la fonction présidentielle en 2014. Les «redresseurs» et leurs désormais alliés de la dernière minute venant du camp des «légalistes» se trompent s'ils pensent que l'éviction de Belkhadem va stopper la dérive islamo-conservatrice du FLN. Il leur faudra pour cela s'opposer ouvertement à Bouteflika. Ce qu'ils se garderont de faire, trop conscients qu'un engagement de la sorte leur attirerait des déboires dont ils ne sont pas prêts à en assumer le risque. Belkhadem a certes été l'exécutant de l'opération du glissement du FLN sur la position islamo-conservatrice mais aussi et surtout le leurre sur qui focaliser les oppositions à cette démarche.