L'ex-président Nicolas Sarkozy, qui pourrait avoir à répondre à des questions sur un éventuel financement illicite de sa campagne de 2007 dans le cadre de l'affaire Bettencourt et qui ne bénéficie plus de son immunité de chef d'Etat, a fait communiquer à la justice son agenda pour l'année concernée, a révélé Le Journal du Dimanche. L'hebdomadaire indique que l'ancien président a fait envoyer au juge Jean-Michel Gentil une copie certifiée conforme de son agenda de début 2007 avec sept pages d'observations et fait placer l'original chez un huissier. La justice se demande si des retraits d'espèces effectués sur les comptes de la richissime héritière des cosmétiques L'Oréal, Liliane Bettencourt, n'ont pas servi à un financement illicite de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy en 2007. M.Gentil enquête sur la base de témoignages d'anciens employés de la milliardaire affirmant notamment l'avoir vu chez les Bettencourt début 2007 pour demander de l'argent. Selon son avocat Thierry Herzog, M.Sarkozy a pris les devants pour «se défendre des accusations portées publiquement à son encontre depuis de nombreux mois». La comparaison entre l'agenda et les témoignages parus dans la presse, «permettra de démentir formellement la mise en cause», affirme Me Herzog. Un des témoignages en question émane d'un ex-chauffeur selon lequel une ancienne gouvernante, décédée depuis, lui avait confié qu'à cette époque «M.Sarkozy était venu pour un rendez-vous voir Monsieur et Madame très rapidement, (et) que c'était pour demander des sous», selon des informations du Monde. Les recoupements des magistrats permettraient de situer cette rencontre entre le 27 mars et le 5 avril en soirée. Egrenant la totalité du programme de M.Sarkozy pendant ces dix jours, Me Herzog estime que cet emploi du temps permet de «démentir catégoriquement» ces propos. Un autre témoignage émane de François-Marie Banier, un artiste très proche à l'époque de la milliardaire, qui a noté le 26 avril 2007 dans son journal personnel une confidence de Mme Bettencourt évoquant une «demande d'argent» de Nicolas Sarkozy à laquelle elle aurait «dit oui», toujours selon Le Monde. Là encore Me Herzog tranche sur la base de l'agenda que tout rendez-vous de M.Sarkozy chez les Bettencourt était «matériellement impossible» ce jour-là. L'avocat relève que l'agenda de M.Sarkozy comporte «une unique visite» chez les Bettencourt, le 24 février 2007 à 12 heures et «pendant environ 20 à 25 minutes». Dans cette affaire, le juge Gentil s'intéresse surtout à deux retraits de 400.000 euros chacun, en février et en avril 2007. Selon des témoignages, qui n'ont cependant pas été formellement recoupés, de l'argent aurait pu avoir été remis à l'ancien ministre Eric Woerth, alors trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy, notamment par l'intermédiaire de l'ancien gestionnaire de fortune de l'héritière, Patrice de Maistre. Le premier de ces retraits a eu lieu le 5 février 2007, «deux jours avant» un rendez-vous entre MM.de Maistre et Woerth. L'ex-comptable des Bettencourt, Claire Thibout, a toujours soutenu que Patrice de Maistre lui avait dit vouloir remettre de l'argent à M.Woerth. Un autre retrait de 400.000 euros a été effectué le 26 avril 2007, jour où M.Banier évoque la demande d'argent faite à sa riche amie. Partie d'un différend familial entre la milliardaire et sa fille et de soupçons d'abus de faiblesse, l'affaire avait débordé sur le terrain politique et avait conduit au départ du ministre du Travail, Eric Woerth, pour des soupçons de conflits d'intérêts et de financement illégal de campagnes électorales. Onze personnes - dont MM.Banier, de Maistre, Woerth - ont été mises en examen (inculpées) dans ce dossier.