Vladimir Poutine au Proche-Orient pour s'informer et informer Tournée de travail, mais surtout diplomatique et d'information sur la situation dans la région, la visite du président russe au Proche-Orient intervient à un moment crucial du conflit qui secoue la Syrie. Le président russe Vladimir Poutine se rend la semaine prochaine au Proche-Orient - Jordanie, Cisjordanie et Israël - pour défendre la position de Moscou sur les grandes crises de la région, essentiellement sur la question syrienne. Le chef de l'Etat russe, qui effectue son premier voyage au Proche-Orient depuis son retour au Kremlin en mai, doit inaugurer lundi à Netanya, au nord de Tel-Aviv, un monument érigé à la mémoire des soldats de l'Armée rouge qui ont contribué à la victoire sur les nazis durant la Seconde Guerre mondiale. Il s'entretiendra ensuite avec le Premier ministre, Benjamin Netanyahu et le président Shimon Peres. Mardi, il devrait rencontrer le président palestinien Mahmoud Abbas en Cisjordanie puis rencontrer le roi Abdallah II de Jordanie. Mais la visite, au cours de laquelle M.Poutine doit aussi inaugurer un centre culturel russe à Bethléem, en Cisjordanie occupée, est aussi une mission diplomatique dominée par la question de la crise en Syrie, soulignent les analystes. Moscou est à couteaux tirés avec les pays occidentaux sur cette question, le Kremlin s'opposant à des sanctions contre Damas, et résistant à toute intervention extérieure dans ce pays. Depuis le début, à la mi-mars 2011, de la crise syrienne, les combats entre armée et rebelles et mercenaires étrangers y ont fait de nombreuses victimes parmi les civils notamment. «La visite de Poutine est une façon de tâter le terrain autour de la Syrie et savoir ce que pensent Israël et la Jordanie au sujet de l'arrivée de bateaux russes» dans ce pays, estime Alexeï Malachenko, analyste politique à l'antenne moscovite du Centre Carnegie. Les Etats-Unis ont affirmé cette semaine que la Russie se préparait à dépêcher trois navires pour protéger le port syrien de Tartous, seule base navale russe en Méditerranée. «Nul n'a besoin que la situation soit encore plus déstabilisée», souligne de son côté Alexandre Filonik, expert à l'Institut d'études orientales à l'Académie russe des Sciences. Or, aussi bien Israël que la Jordanie risquent d'être affectés par une aggravation des violences dans ce pays voisin. Amman, qui doit faire face à un afflux de dizaines de milliers de réfugiés syriens, a renforcé les contrôles aux frontières. En Israël, formellement en état de guerre avec la Syrie, le chef d'état-major, le général Benny Gantz, s'est déclaré inquiet de l'instabilité croissante sur le plateau du Golan provoquée par l'affaiblissement du régime de Damas. «Poutine va essayer de les convaincre de soutenir Bachar Al, Assad, il veut trouver des partenaires sur cette question», dit Alexeï Malachenko. Mais «il va devoir leur promettre quelque chose en retour», ajoute-t-il. La Russie, qui semblait avoir pris ses distances ces dernières semaines avec Assad, a nié jeudi toute inflexion de sa position, refusant d'appuyer un plan de départ du président syrien. A l'inverse, le président israélien, Shimon Peres, a récemment exprimé son soutien aux rebelles, déclarant espérer qu'ils «vaincront». Et jeudi, la Ligue arabe, dont la Jordanie fait partie, a demandé à Moscou de cesser de livrer des armes à Damas. La diplomatie russe n'a pas tardé à répondre, en défendant son droit en la matière, affirmant que Moscou n'envoyait pas de matériel susceptible d'être utilisé contre des civils «pacifiques». Le processus de paix au Proche-orient et la question du programme nucléaire iranien devraient aussi être à l'ordre du jour de cette visite. Des négociations de deux jours se sont tenues entre les grandes puissances et Téhéran cette semaine à Moscou, sans permettre de débloquer la situation.