Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, entame aujourd'hui une visite en Russie pour demander à Moscou de jouer un rôle accru dans le processus de paix au Proche-Orient et faire le point sur le conflit qui l'oppose aux islamistes du Hamas, interlocuteurs des Russes. C'est le premier déplacement de M. Abbas en Russie depuis que le pouvoir à Gaza a été pris par la force, le 15 juin, par le Hamas que Moscou ne considère pas comme une organisation terroriste à la différence de Washington, de l'Union européenne et d'Israël. Le président palestinien est attendu ce soir à Moscou pour une visite de trois jours au cours de laquelle il doit rencontrer le président Vladimir Poutine et le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Le dirigeant palestinien “informera le président Poutine de la situation palestinienne intérieure et demandera un rôle russe accru dans le processus de paix”, a indiqué son porte-parole, Nabil Abou Roudeina. Sa venue intervient sur fond de multiplication des efforts diplomatiques destinés à relancer les pourparlers de paix. Le Quartette pour le Proche-Orient (Russie, Etats-Unis, UE et ONU) vient de se doter d'un nouveau représentant, Tony Blair, chargé de favoriser la création d'institutions palestiniennes stables, préalables à un Etat viable. Et le président américain George W. Bush a proposé d'organiser une conférence internationale à l'automne pour relancer les pourparlers de paix israélo-palestiniens, une initiative saluée par la Russie. Moscou, qui veut redonner du souffle à sa politique au Proche-Orient et entretient de bonnes relations avec l'Iran et la Syrie, “joue bien sûr un rôle important dans le cadre du Quartette et va continuer à jouer ce rôle”, a indiqué une source diplomatique russe. Par ailleurs, contrairement à ses partenaires du Quartette, la Russie a choisi de dialoguer avec le Hamas qu'elle considère comme un interlocuteur à part entière, malgré son refus de reconnaître Israël. Depuis la victoire du Hamas aux élections législatives palestiniennes en janvier 2006, la Russie s'est démarquée en plaidant contre des sanctions à l'égard du Hamas et en accueillant son chef, Khaled Mechaal, à deux reprises à Moscou. M. Abbas “veut savoir quelle est la position réelle de la Russie. Il veut montrer qu'il est le seul dirigeant de la Palestine, il va insister pour que la Russie interrompe ses relations avec le Hamas”, estime Alexeï Malachenko du Centre Carnegie. Pour le président Poutine, qui a fait une tournée au Proche-Orient en février, la rencontre sera une autre occasion de montrer l'implication de la Russie dans la région où l'URSS jouait un rôle bien plus important. R. I./Agences