La séance du matin a été reportée pour après le ftour faute de quorum. Le premier argentier du pays, Abdelatif Benachenhou, a dû passer une de ses plus longues journées. Les députés devant voter son projet de loi de finances n'étaient pas au rendez-vous. En effet, la séance du matin, qui devait être consacrée à l'adoption de ce texte de loi, a été reportée pour après le ftour faute de quorum. Le nombre de députés présents n'excédait pas une centaine. Officiellement, c'est cette seule raison qui a motivé le report. Mais officieusement, la raison en serait tout autre. Une version qui illustre l'impasse à laquelle est confronté le gouvernement Ouyahia au sein de l'institution législative. En effet, M.Benachenhou, dont l'optimisme a été accueilli par le scepticisme des députés, devra affronter une nouvelle épreuve: «Revoir une bonne partie de ses comptes et calculs à la lumière des hausses salariales que les pouvoirs publics ont été amenés à consentir aux enseignants, et probablement à d'autres catégories professionnelles, puisque l'action du Cnapest risque fort de provoquer une sorte d'effet boule de neige», nous dit-on. C'est ce qui semble justifier le fait que les pouvoirs publics cherchent à donner l'exemple en refusant coûte que coûte d'agréer le Cnapest. Le réunion de coordination de l'APN, regroupant les chefs des groupes parlementaires et le président de l'APN, n'a pas pu arriver à un accord sur le retrait de la motion des députés du mouvement Islah souhaitant instaurer une commission d'enquête à propos des dépassements dont «a été victime le Cnapest». De plus en plus de voix s'élèvent pour dire que ce syndicat serait contrôlé par d'anciens syndicalistes du SIT (Syndicat islamique des travailleurs, proche de l'ex-FIS), mais aussi des éléments proches du parti de Djaballah. Même s'il ne fait pas de doute aux yeux de tous que la démarche des députés du mouvement Islah est vouée à l'échec puisque le FLN, le PT, le RND et les indépendants s'y opposeront, les pouvoirs publics craignent quand même le débat public autour de cette question extrêmement délicate alors que la grève des lycées n'est même pas terminée, en attendant que les hausses soient annoncées et que les enseignants décident, soit de poursuivre leur mouvement, soit de sauver l'école de l'année blanche. Sans surprise aucune, la séance du soir a servi à l'adoption de cette loi fortement controversée avec une large majorité puisque seuls les élus du PT et du MRN s'y sont opposés.