A Oran, le risque de se faire soigner par un faux médecin ou d'être plaidé par un faux avocat n'est pas écarté! Le campus est-il infecté, à l'instar de plusieurs autres secteurs, par les deux irrémédiables gangrènes du siècle, la corruption et la fraude? Tout compte fait, vu les enquêtes sur plusieurs fronts qui viennent d'être ouvertes par la section de recherches relevant du groupement de la Gendarmerie nationale d'Oran sur le trafic des diplômes de baccalauréat. Les investigations qui ont été lancées durant la semaine en cours, concernent essentiellement la faculté de droit de l'Université d'Oran. Ces enquêtes peuvent, selon des indiscrétions, durer dans le temps étant donné que le nombre d'étudiants qui se serait impliqué est considérable. Les enquêteurs tentent tant bien que mal de tirer au clair une affaire qui n'est pas tout à fait semblable à celles classiquement traitée. L'affaire n'est pas une première dans son genre. Ainsi, la corruption, les passe-droits, le trafic, la falsification, faut-il le dire, ne sont plus l'apanage exclusif du secteur du bâtiment, des travaux publics ou de l'administration locale. Ces phénomènes ont gagné l'un des secteurs qui est le pilier principal de la nation, l'enseignement supérieur. Dans un passé récent, la Faculté de médecine d'Oran a, elle aussi, été ébranlée par un scandale qui a mis en émoi toute la famille universitaire: la falsification et le trafic des faux diplômes de baccalauréat. Au moins quatre cas de trafic de diplômes de baccalauréat ont été relevés alors que d'autres n'ont pas la moyenne requise pour suivre le cursus de médecine et pharmacie. Dans cette situation, les enquêteurs auraient abouti à des conclusions ahurissantes, puisque les indus étudiants en médecine qui ont été débusqués sont constitués d'enfants issus des familles jouissant d'une certaine influence. Il s'agirait de la fille d'un avocat qui jouit d'une grande respectabilité parmi ses confrères, tandis qu'un autre serait le fils d'un médecin, propriétaire d'un laboratoire d'analyses très connu dans la cité alors que le troisième est le fils d'un éminent professeur de médecine qui est enseignant dans la même faculté. Le comble, au lieu de prendre des mesures à la hauteur de l'événement, l'administration de ladite faculté a tenté tant bien que mal, de traiter l'affaire dans un cadre très restreint en réunissant les membres de la commission de discipline, la finalité était probablement d'étouffer l'affaire dans l'oeuf. Cela est survenu au moment où les quelques récalcitrants à toute forme de dépassement ont pesé de tout leur poids en vue de tenir comme témoin l'opinion publique tout en tenant informées les plus hautes instances de l'enseignement supérieur. Dans leurs multiples démarches, les indociles à l'ordre établi ont même dénoncé certains de leurs camarades tout en les pointant d'un doigt accusateur. Ce n'est pas tout, puisqu'une commission d'enquête a été dépêchée d'Alger aux fins de tirer au clair plusieurs affaires qui ont souillé l'image de l'université. En vain, car les conclusions qui ont été relevées ont été gardées au secret magistral. Certaines indiscrétions indiquent que les conclusions établies ne seront jamais rendues publique tant que les faux étudiants débusqués relèvent en majeure partie de fils de cadres hautement placés. Cela survient pendant que les fils des «gueux» sont orientés vers des filières à un avenir incertain, quoique leurs notes obtenues aux examens du baccalauréat leur permettent aisément de suivre des cursus aux lendemains luisants comme la médecine, la pharmacie, l'architecture, etc. En somme, de tels scandales ne sont qu'une partie apparente de l'iceberg, étant donné que plusieurs cas de dépassements, sans suite, ont été relevés durant les exercices écoulés.