L'islamiste Mohamed Morsi, vainqueur de la première présidentielle en Egypte après la chute de Hosni Moubarak, doit s'atteler à la formation d'un gouvernement en attendant la remise du pouvoir exécutif d'ici la fin de la semaine par les militaires qui dirigent le pays. Issu de la puissante confrérie des Frères musulmans, longtemps interdite, M.Morsi est le premier islamiste à accéder à la magistrature suprême en Egypte et sera le premier chef d'Etat à ne pas sortir des rangs de l'armée. «Le président élu Mohamed Morsi commence à former son équipe présidentielle», a rapporté hier l'agence officielle Mena. Une source militaire a indiqué que la passation de pouvoir entre le Conseil suprême des forces armées (CSFA), à qui M.Moubarak a remis les rênes du pays en démissionnant, et M.Morsi, devait se tenir comme prévu d'ici la fin juin, sans plus de précisions. D'après la Mena, le gouvernement de Kamal al-Ganzouri doit en outre tenir sa dernière réunion dans la journée (hier) pour remettre sa démission, «conformément aux règles constitutionnelles après l'élection d'un nouveau président». Les transactions à la Bourse du Caire ont été suspendues pour une demi-heure après une hausse de plus de 6% du principal indice, l'EGX-30, a annoncé la télévision d'Etat. La presse égyptienne de son côté a salué la victoire du «premier président civil» d'Egypte, certains journaux se félicitant qu'avec lui la «révolution» de l'an dernier l'ait emporté sur les «restes» de l'ancien régime. «La révolution arrive au palais présidentiel», titrait Al-Chourouq (indépendant). Pendant sa campagne, M.Morsi s'est présenté comme le candidat de la «révolution», ce qu'ont dénoncé de nombreux militants pro-démocratie qui accusent les Frères musulmans d'avoir conclu «des marchés» avec l'armée au pouvoir. Certains avaient toutefois appelé à voter pour lui afin d'éviter un retour de l'ancien régime avec M.Chafiq, un militaire de formation longtemps ministre sous Moubarak.