Arraché à sa retraite au Maroc, Mohamed Boudiaf avait la ferme intention de continuer à servir son pays en pleine tourmente au début des années 1990. C'est à lui qu'on a fait appel pour présider le Haut comité d'Etat. Un mandat de courte durée. Le 29 juin 1992, tout s'arrête à Annaba. Il y prononçait son dernier discours d'une longue carrière révolutionnaire. Il entre alors dans la légende. Celui qui était né à M'sila le 23 juin 1919 est membre fondateur du Front de libération nationale. Après les massacres de Sétif de 1945, il s'engage dans le mouvement nationaliste algérien et adhère au Parti du peuple algérien de Messali Hadj puis participe à la création de l'Organisation spéciale. En 1954, il crée avec d'autres militants, le Comité révolutionnaire d'unité et d'action. Après l'échec du Crua, il est membre du groupe des 22 qui organise la préparation de la lutte armée. Le Front de libération nationale est créé pour rassembler dans la lutte les différentes forces nationalistes. Il s'impose comme l'un des chefs de la guerre d'indépendance. Il connaît la prison. En 1956, il est arrêté avec d'autres chefs du FLN, par l'armée française suite au détournement de l'avion qui le menait vers la Tunisie. Il est libéré en 1962 après les Accords d'Evian. A l'indépendance, il entre en opposition contre le régime. Il choisit l'exil durant des années avant d'être rappelé en Algérie. A son actif, se trouve aussi la création du Parti de la révolution socialiste. Il anime plusieurs conférences où il expose son projet politique pour l'Algérie. Son livre Où va l'Algérie est un témoignage sur l'indépendance. Lorsqu'il dissout le PRS, il se consacre à ses activités professionnelles en dirigeant une briqueterie. Au début de 1992, il met fin à son exil. Il apparaissait comme un homme neuf, non impliqué dans la gestion des différents régimes et il est pressenti pour sortir le pays de l'impasse. Il disait vouloir mettre fin à la corruption qui gangrenait la société. Six mois plus tard, selon la version officielle, un sous-lieutenant du groupe d'intervention spécial, Lambarek Boumaârafi, jeta une grenade pour faire diversion et tira à bout portant sur le président le tuant sur le coup. Une commission d'enquête retient la thèse de l'acte isolé.