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Un ballet diplomatique à Alger
L'ALGERIE EST INCONTOURNABLE DANS LA CRISE MALIENNE
Publié dans L'Expression le 28 - 06 - 2012

Dans la crise malienne, l'Algérie a adopté une ligne de non-ingérence chez son voisin
«Le rôle de l'Algérie dans le règlement de la crise qui secoue depuis plusieurs mois le Mali est extrêmement important»
Alger devient incontournable dans le règlement de la crise malienne. Le ballet diplomatique que connaît la capitale ces derniers jours en est une preuve. Après les Américains et les Britanniques, c'est au tour des pays de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédeao). Ces derniers tendent à changer leur stratégie concernant le traitement de la crise malienne. Leurs regards viennent de se tourner, brusquement, sur Alger. «Le rôle de l'Algérie dans le règlement de la crise qui secoue depuis plusieurs mois le Mali est extrêmement important» a déclaré hier le ministre burkinabé des Affaires étrangères et de la Coopération, Djibril Bassolé, en visite de travail à Alger.
Ainsi, il a souligné qu'il travaillera désormais étroitement avec son homologue, Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, sur les différents aspects et modalités de ce dossier. Ainsi, le diplomate burkinabé a exprimé, dans ce contexte, le souhait de voir la Communauté économique de développement des Etats de la Cédeao bénéficier de l'implication de l'Algérie pour la recherche d'une solution stable et durable à la situation au Mali. S'exprimant à l'occasion, M.Bassolé a rappelé que la situation actuelle au Mali «secoue les institutions à Bamako et fragilise le rôle du nord de ce pays ainsi que l'ensemble de la bande sahélo-saharienne». «Je viens en Algérie faire le point sur le dossier malien», a-t-il ajouté, car le président burkinabé, M.Blaise Compaoré, a été désigné, précise-t-il, par ses pairs à la Cédeao comme médiateur dans la crise malienne.
L'Algérie avait estimé, dimanche dernier, qu'une solution «politique négociée» pouvait mettre fin à la crise dans ce pays frontalier, dont le Nord est entre les mains de groupes armés, islamistes et Touareg, depuis mars. Dès la crise malienne, l'Algérie a adopté une ligne de non-ingérence chez son voisin, tout en affirmant son attachement à l'intégrité territoriale de ce pays, mais elle multiplie les contacts avec les pays concernés, dans la région et ailleurs, notamment avec les Etats-Unis et les Britanniques. Notons néanmoins que depuis quelques jours des hauts responsables affluent à Alger. Ainsi, le président Abdelaziz Bouteflika avait reçu, lundi dernier, l'envoyé spécial de son homologue ivoirien, Alassane Ouattara, chef en exercice des pays de la Cédeao. «Alger connaît mieux que nous (Cédéao) ce problème. Il y a eu déjà les Accords d'Alger signés entre les Maliens», avait rappelé l'envoyé ivoirien, en faisant référence à l'Accord d'Alger du 4 juillet 2006 pour la restauration de la sécurité dans la région de Kidal (nord-est du Mali) conclu entre l'aile politique de la rébellion touarègue et le gouvernement malien. Aussi, faut-il noter que la situation du Mali devait occuper une partie des trois jours de réunion du Comité international des services de renseignements et de sécurité africains (Cissa) dont la 9e session s'est ouverte mardi soir à Alger. En outre, il convient de noter que ce défilé diplomatique à Alger renseigne que décidément les Etats de la Cédeao ne s'entretiennent plus, paraît-il, avec la France sur le dossier malien, depuis l'éviction de Nicolas Sarkozy à la tête de la Ve République. Le soutien diplomatique, la logistique et les moyens promis par Sarkozy à la Cédeao pour intervenir au Mali ne font plus partie de l'agenda du nouveau maître de l'Elysée. Clair et catégorique, François Hollande a déclaré à son homologue nigérien, Mahamadou Issoufou, en le recevant à Paris, que la crise malienne doit être traitée par les pays voisins et africains.
Le président français a fait savoir qu'il y un repositionnement de la politique étrangère française à l'égard de la crise malienne. Les options interventionnistes renforcées et encouragées par l'ancien patron de l'Elysée, notamment dans les anciennes colonies françaises en Afrique butent, aujourd'hui, semble-t-il, sur les nouvelles orientations arrêtées par François Hollande.
D'ailleurs, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, vient de nommer un envoyé spécial pour le Sahel en la personne de Jean Felix-Paganon, ex-ambassadeur en Egypte, comme son «représentant spécial pour le Sahel».


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