La Turquie a prévenu hier qu'elle riposterait à toute violation de sa frontière après la destruction d'un avion de combat turc par la Syrie. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé un «acte hostile» et une «attaque lâche» de Damas qu'il considère désormais comme une «menace ouverte et proche» pour la Turquie. «Prendre pour cible un avion de cette façon, sans avertissement préalable, est un acte hostile au plus haut point», avait déjà affirmé le vice-Premier ministre turc et porte-parole du gouvernement Bülent Arinç. Il avait aussi annoncé que la Turquie s'interroge sur une possible interruption de ses exportations d'électricité vers la Syrie en représailles. La Turquie a demandé la tenue d'une réunion à l'Otan, invoquant «l'article 4 du traité» de l'Alliance qui prévoit que tout pays membre peut recourir au Conseil quand il estime que son intégrité territoriale ou sa sécurité est menacée. Vendredi dernier les forces de défense aériennes syriennes ont abattu un avion de combat turc. Damas a affirmé que l'appareil, un F-4 Phantom, avait violé son espace aérien, alors qu'Ankara soutient que l'appareil se trouvait dans l'espace international. Un avion de sauvetage en mer turc aurait aussi essuyé des tirs syriens alors qu'il menait des recherches pour retrouver les pilotes de ce premier avion, selon la Turquie. Damas a accusé Ankara de vouloir «attiser» la crise et mis en garde contre toute «agression» contre le territoire syrien. Selon des experts spécialisés russes cités par l'agence d'Etat Ria Novosti, le F-4 Phantom abattu avait pour mission de tester la DCA (défense antiaérienne) syrienne pour le compte de l'Otan et sa destruction a montré l'efficacité des systèmes russes dont est équipée la Syrie. Le clash entre Ankara et Damas, jadis alliés politiques et économiques, ne date cependant pas de ces dernières semaines. La crise syrienne inquiète au plus haut point la Turquie. Une guerre civile chez ce voisin aurait des répercussions inéluctables côté turc. La particularité kurde des deux territoires ajoute à la complication. La rupture officielle du dialogue date du 21 septembre dernier, quelques jours après que le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a lancé des mots dur envers Damas: «Le peuple syrien ne croit pas Bachar Al Assad, moi non plus». Fin mai la Turquie a ordonné aux diplomates syriens de quitter le pays. La tension est perceptible à la frontière entre les deux pays. Déjà plus de 33 000 réfugiés ont quitté le sol syrien pour s'installer dans des camps situés du côté turc, depuis avril 2011. La tension y est d'ailleurs déjà montée à plusieurs reprises, lorsque la Syrie a miné la frontière. Elément notable, les réunions du Conseil national syrien principale coalition de l'opposition syrienne, se tiennent sur le sol turc. Et c'est aussi à Istanbul que la création de cette structure a été annoncée. La Turquie héberge également la direction de l'Armée libre, que rejoignent les déserteurs de l'armée syrienne. Le New York Times affirmait récemment que les Turcs fourniraient des armes aux rebelles. Ankara a démenti ces informations. Mais pour Damas la Turquie est bel et bien devenu un belligérant.