Dans le cadre du programme global et très riche célébrant le cinquantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, une importante rencontre se tiendra autour du père des Damnés de la terre, du 1er au 10 juillet 2012 à Alger. Plus qu'une simple commémoration, au-delà de l'hommage reconnaissant, il s'agira de faire revivre «Le coeur vivant de la pensée et de l'action de Fanon», qui portent en elles le souffle historique des luttes du peuple algérien et des autres peuples colonisés. S'interroger sur les objectifs que ces luttes s'étaient fixés, sur leurs succès et leurs échecs, c'est rouvrir les perspectives de la libération et de l'émancipation humaines. Placer ce questionnement dans le cours de l'An 50 de l'indépendance algérienne, c'est signifier que le combat continue et que les idées de Fanon, parmi d'autres figures emblématiques, y ont toute leur place. C'est dans ce contexte que se tiendront ces Rencontres d'Alger, intitulées «Esprit Frantz Fanon», lesquels réuniront des chercheurs, intellectuels, écrivains et poètes d'Algérie et de nombreux pays (Egypte, Inde, Iran, Pakistan, France, Guinée, Liban, Cameroun, Palestine, Mali, Tunisie, Irak, Togo, Madagascar...). Y contribueront des personnalités, telles que Samir Amin, Aijaz Ahmad, Georges Corm, Tariq Ali, Aminata Dramane Traoré, Ehsan Shariati, Alice Cherki, Bernard Founou-Tchuigoua, Mohamed Hafez Diab, Githa Hariharan, Khaïri Mansour, Padmanabhan Krishna Murthy, Prabir Purkayashta, Helmy Shaârawi, Tierno Monénembo, Liès Boukra, Mohamed Bouhamidi, Idriss Terranti, Sami Tchak, Asmaa Azaiza, Eugène Ebodé, Iskandar Habach, Fawzi Karim, Jean-Luc Raharimanana, Youcef Merahi, Smaïl Ibrir et Hadjer Kouidri. Cet important rendez-vous culturel et intellectuel de haute facture se déclinera sur trois axes. D'abord un colloque: du 2 au 4 juillet 2012, au Complexe culturel Laâdi-Flici, Bd. Frantz Fanon. Sa thématique et ses séances sont placées sous le signe d'expressions célèbres de Frantz Fanon, qui sonnent comme des programmes d'action: «Nous ne voulons rattraper personne»; «Nous voulons marcher tout le temps»; «En compagnie de l'homme, de tous les hommes». Ensuite, des activités littéraires: du 6 au 9 juillet, à Dar Abdellatif, Bois des Arcades. Elles consisteront en ateliers d'écriture pour le journalisme culturel et en soirées littéraires et poétiques des plus intéressantes. Puis, des conférences-débats qui seront animées du 1er au 10 juillet, au siège de l'agence Algérie Presse Service (APS), à Bir-Mourad Raïs. Il s'agira de débats placés sous le célèbre exergue de Frantz Fanon: «Ouvrir l'horizon, porter la lumière chez soi, mettre debout soi-même et son peuple». Ces rencontres «Esprit Frantz Fanon», animées par des universitaires et intellectuels algériens, sont organisées par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc) et les Editions Apic. Pour en savoir plus, un point de presse s'est tenu hier matin au siège de l'APS et animé par Samia Zenadi des éditions Apic chargée du volet littérature, M.Benmhidi de l'Aarc et M.Omar Lardjan chargé du comité scientifique relatif à l'organisation du programme. Notons que c'est la deuxième fois (la première a eu lieu en 2009 à l'occasion du Panaf) que les éditions Apic organisent une résidence d'écriture avec un ensemble d'écrivains venus d'ailleurs en vue de publier (en décembre prochain) un recueil de textes. Ces invités d'outre mer sont ainsi conviés à croiser et échanger leurs points de vue spécifiques sur Fanon, et ce sur notre terre, en fonction de leur parcours, culture et enfin enrichir leurs textes déjà entamés depuis un moment. Aussi, nous indiquera Samia Zenadi, une revue (Esprit Fanon) sera distribuée le jour du colloque en matinée et comprendra des extraits de ces textes, des témoignages en faveur de Fanon ainsi que les communications des participants dont «l'oeuvre est traversée par l'esprit de Fanon» Loin d'être «académique» et «éclatés» les travaux sur ses écrits «ne feront pas perdre cette fois le feu, la vigueur et la force de son esprit» a fait savoir M.Lardjan, car il s'agira de déceler «l'unité de sa pensée, dans son action politique, ses écrits en connexion avec l'Afrique et retrouver ainsi cette liaison au lieu de le décontextualiser, faute commise jusque-là par beaucoup d'universitaires.» Et de renchérir: «On veut savoir dans quelle mesure Fanon peut nous aider à comprendre le monde maintenant. Tel le racisme qu'il a dénoncé et qui réapparaît, ces aspects de l'impérialisme sur lesquels il s'est levé... C'est l'actualité elle-même qui redonne force à l'écrit de Fanon. On veut connaître ce qu'il y a en lui qui peut nous aider à comprendre ce qui se passe aujourd'hui. Ceci est dicté par une envie égoïste car on a intérêt à protéger notre pays des dangers qu'il encourt...»