Le leader du mouvement Wafa ne veut aucune fausse note dans sa «partition». Le leader du mouvement Wafa, Ahmed-Taleb Ibrahimi, tout en multipliant ses sorties sur le terrain, n'en laisse pas moins planer le doute sur sa participation au prochain scrutin présidentiel. Des sources proches de sa formation politique, qui revient sur le devant de la scène médiatique depuis plus d'un mois, indiquent que «celui qui constituait le plus sérieux adversaires de Bouteflika en 1999, sera l'hôte ce week-end des wilayas d'Oran et d'Aïn Témouchent». Comme cela avait été le cas pour la dizaine de wilayas visitées auparavant, le président de Wafa, que beaucoup d'observateurs qualifient de favori devant le conflit opposant Benflis à Bouteflika, sera reçu aussi bien par les notables de ces deux villes de l'ouest du pays que par les dirigeants locaux de son parti. Il faut dire que le mouvement Wafa, illégalement interdit par Zerhouni et ses hommes, a subi une interdiction totale d'activer, qui s'était notamment soldée par la pose de scellés sur l'ensemble de ses sièges. Tout récemment, cette mesure a été levée, ce qui a signifié, aux yeux des observateurs, une sorte d'appel du pied de la part des décideurs de ce parti, capable de contrecarrer la balance et de jouer un rôle important pour sauver le pays de la dérive face aux graves conflits qui touchent présentement le sommet de l'Etat. Il est vrai, à ce propos, que Zerhouni, comme il l'affirmait lui-même, peut bien se garder de signer l'agrément de Wafa, la loi l'en dispensant depuis que le délai des 60 jours avait été dépassé sans que les pouvoirs publics n'aient été capables de répondre et encore moins de produire la moindre preuve de la terrible cabale qu'ils préparaient contre ce parti qualifié par l'ensemble de ses dirigeants de «parfaitement légal». Ahmed-Taleb Ibrahimi, qui avait fait une campagne remarquable en 1999. Et qui a tenu parole par rapport à ses électeurs en créant un parti, n'a rien perdu de sa crédibilité en ces cinq années particulièrement éprouvantes pour lui et pour ses nombreux partisans. Ahmed-Taleb Ibrahimi, croit-on savoir, rencontre les notables et les cadres de Wafa du pays entier afin d'expliquer en direct sa position vis-à-vis de la future présidentielle. Refusant de jouer le rôle de faire-valoir comme cela avait failli être le cas en 1999, Taleb émet trois conditions sans lesquelles il lui sera impossible de présenter sa candidature. «Lorsque ma décision sera arrêtée, explique-t-il, j'en informerai l'opinion avec tous les détails nécessaires afin que ma position soit comprise par tous.» Ces trois conditions, comme nous l'écrivions dans une précédente édition, consistent en «la neutralité de l'institution militaire, le départ du chef du gouvernement et du ministre de l'Intérieur afin que soit institué un Exécutif neutre et, enfin, l'arrêt de l'utilisation des deniers publics à des fins électoralistes en faveur de l'actuel président de la République». Si pour la première condition, des garanties assez sérieuses semblent avoir été fournies, rien n'indique que les deux suivantes soient appliquées à moins que Bouteflika, qui tient tant à soigner son image vis-à-vis de l'étranger, ne soit contraint de faire marche arrière au dernier moment pour ne pas subir un «vote» plus ou moins identique à celui d'avril 1999.