«Je me rappelle que le colonel Mohand Oulhadj pour la Wilaya III, a fait un discours en sa qualité de doyen», se souvient le commandant de la Wilaya IV. Le coup d'envoi officiel des festivités du Cinquantenaire de l'Indépendance aura lieu à Sidi Fredj, lieu où l'Armée coloniale avait débarqué en 1830. Cinquante années se sont écoulées depuis que des moudjahidine de l'Armée de libération nationale (ALN) hissèrent pour la première fois l'emblème national, dans cet endroit devenu symbolique. Entre une cérémonie organisée à la hâte par la population, des djounoud et des officiers de l'ALN, de retour du maquis, après plus de sept ans de guerre implacable contre la 4e force armée du monde, et la cérémonie du lancement du programme des festivités qui s'étalera sur une année, arrêté à l'occasion du Cinquantenaire, les Algériens auront à constater de visu le chemin parcouru depuis les premières années de l'Indépendance pour l'amélioration de leurs conditions de vie et donner un sens concret à leur combat libérateur. Le commandant de la Wilaya IV historique, Lakhdar Bouragaâ, raconte que la cérémonie organisée le 5 juillet 1962, avait connu la participation de plusieurs représentants de l'ALN issus de plusieurs wilayas historiques. «Nous nous sommes rendus à Sidi Fredj, tôt le matin, à cet endroit précis (Sidi Fredj) où les forces françaises avaient débarqué 132 ans plus tôt. J'étais membre du conseil de la Wilaya IV», avait affirmé le commandant Bouragaâ. «Nous avons accueilli les délégations des autres wilayas. Je me rappelle le colonel Mohand Oulhadj pour la Wilaya III, le colonel Saout El Arab (Salah Boubnider) pour la Wilaya II, et Kadhi Boubekeur pour la Wilaya V. Le colonel Si Hassan était là en tant que chef de la Wilaya IV. Il y avait aussi Mohamed Bousmaha et Ahmed Bencherif parmi les officiers de la Wilaya IV. Mohamed Oulhadj a fait un discours, en sa qualité de doyen», avait-il encore précisé. «Nous avons détruit une grande stèle érigée là par l'armée coloniale. On a utilisé les tracteurs et engins fournis par les fellahs des fermes de la région. Il y avait là des parachutistes français, qui ont voulu nous en empêcher. Nous avons failli en venir aux armes. Il a fallu de longues palabres. Finalement, ils ont reçu des ordres et nous ont laissé détruire ce symbole de l'occupation», avait souligné ce moudjahid de la première heure de la Wilaya IV. Il s'agit, en effet, de la stèle érigée, en 1930, à l'occasion du Centenaire de la colonisation, fastidieusement fêté par les colons et l'administration coloniale, avec la participation d'élus algériens appelés à l'époque «les Beni Oui-Oui». Le militant Sebah Boussif, membre de la cellule du Front délibération nationale (FLN) de Staouéli pour la préparation de cette célébration (5 juillet 1962), rencontré, affirme, pour sa part, que les fragments de cette stèle avaient été ramassés par les parachutistes français qui se trouvaient sur place. La stèle, selon lui, se trouve actuellement en Vendée (France). Il raconte, également, que les rares photos ayant immortalisé cet événement ont été prises par lui-même et Meziane de la Fédération de France du FLN. Entre cette célébration aux allures spontanées à Sidi Fredj, lieu interdit d'accès aux Algériens, hautement surveillé par les parachutistes de l'armée coloniale durant l'occupation et le vaste programme arrêté pour la commémoration du Cinquantenaire de l'indépendance, l'Algérie souveraine aura franchi un pas important sur la voie du développement.