C'est officiel. La rumeur, selon laquelle le groupe Khalifa allait racheter la chaîne de télévision ANN, et dont notre quotidien s'était largement fait l'écho, a connu sa concrétisation. Après d'âpres négociations et autant de tractations, Rafik Abdelmoumen Khelifa, P-DG de ce groupe, est au bout de ses peines, puisque l'accord sera signé dans les tout prochains jours, a-t-il annoncé, hier, à L'Expression. Une grande première, serions-nous tentés d'écrire, qui permettra au champ médiatique national de contribuer davantage à réhabiliter l'image de marque d'un peuple, injustement marginalisé, quand il n'était pas chahuté par de nombreuses chaînes de télévision occidentales et arabes. Le choix porté sur ANN est loin d'être fortuit vu que cette chaîne de l'information continue possède déjà ses lettres de noblesse, ayant participé activement à briser l'hégémonisme occidental sur la représentation par l'image du monde arabe. Un espace qui, à l'heure qu'il est, prend, grâce à la chaîne Al-Jazira, une sacrée revanche professionnelle sur les médias anglo-saxons et européens. Ce grand succès, que l'Algérie se doit d'inscrire à l'actif d'un jeune et fougueux entrepreneur, est des plus significatifs. Il traduit, dans les faits, l'émergence de nouvelles compétences soucieuses plus que jamais d'apporter des richesses à tout un peuple, longtemps squatté par des quidams plus aptes à lui exproprier la plus-value qu'à satisfaire ses aspirations les plus légitimes. En optant pour un choix aussi stratégique, cette nouvelle race d'Algériens entend, désormais, faire jouer à l'Algérie les premiers rôles dans le concert des nations qui comptent. La conjoncture internationale aidant, il va sans dire qu'une nouvelle approche du champ médiatique national est en mesure de contribuer objectivement à faire évoluer les esprits et le pluralisme politique, dont le pays a plus que besoin. M.Rafik Abdelmoumen Khelifa en est conscient, lui qui part du principe avéré que la société arabe, en général, et celle algérienne, en particulier, vivent, à l'évidence, un rapport à la fois intense et complexe avec la télévision. Dans un espace où l'oralité a toujours eu une place prépondérante, ce rapport est amplement justifié par le fait que ce puissant moyen de communication a pris une place telle dans la vie quotidienne que c'est l'ensemble des modes de vie, de pensée et d'action qui est entré dans un cycle d'évolution profonde. On croit savoir que la transaction, ayant vu le jour entre le groupe Khalifa d'une part, et l'ancien propriétaire de ANN d'autre part, est estimée à environ 200 millions de dollars. Khalifa aura 80% des parts, alors que Rifaât El-Assad, frère du président défunt et ancien vice-président de la République syrienne, en détient 20%. Avec l'arrivée de cette chaîne aux couleurs nationales, il va sans dire que le champ médiatique arabe, méditerranéen et africain connaîtra un chambardement des plus féconds, les journalistes algériens ayant suffisamment prouvé ce dont ils sont capables. Leurs prodigieuses prestations sur des chaînes aussi prestigieuses qu'Al-Jazira, MBC et d'Abou Dhabi en font, il est vrai, les professionnels les plus convoités, dont le pays d'origine peut s'enorgueillir, purs produits qu'ils sont de l'école et de la télévision algériennes. Bien sûr, les mêmes sources attestent que la chaîne ANN, version algérienne, sera opérationnelle dans les semaines à venir. Elle disposera d'un studio moderne à Alger, alors qu'un siège parisien est sérieusement envisagé. Pour des raisons évidentes, il convient de souligner que la capitale française constitue, on s'en doute, un carrefour incontournable des échanges civilisationnels, politiques, diplomatiques et culturels. Indépendamment du fait que Paris abrite, dans le même ordre d'idées, une importante communauté arabe avec, à sa tête, pas moins de 2 millions d'Algériens, des artistes, des sportifs et des techniciens émérites que la mobilisation de nouveaux moyens par un pays du Sud est à même de galvaniser. Cela souligné, il va sans dire que les studios de Rome et de Londres seront réactivés pour servir de rampe de lancement aux nombreux correspondants, que la chaîne envisage de recruter à travers le monde. On croit savoir, à ce propos, que le groupe Khalifa envisage sérieusement de confier la chaîne à un grand manager libanais, dont on ne connaît pas encore le nom ni les lettres de noblesse, alors que l'accent sera mis, par ailleurs, sur le recrutement des meilleurs présentateurs de JT, ainsi que des journalistes de renom. Concurrence oblige... Et, sur ce plan, le flair du fils de l'ancien ministre de l'Industrie, M.Laroussi Khelifa, est suffisamment connu pour avoir déjà engrangé de bonnes opportunités au moment de la création de la compagnie aérienne Khalifa Airways. Dans un autre chapitre, les promoteurs immobiliers n'ont qu'à bien se tenir, puisque l'infatigable et insatiable Rafik Abdelmoumen Khelifa envisage, le plus sérieusement du monde, à investir un secteur où il compte servir au mieux les intérêts et les aspirations des citoyens à la recherche d'un toit. Nul doute que sa défunte mère, Mme Farida Khelifa, appréciera, là où elle est, l'acquisition de cette chaîne de télévision. Elle qui aura vécu intensément ses derniers jours en étant de toutes les expositions, de tous les concerts, de toutes les conférences et de toutes les actions allant dans le sens des valeurs humaines et de la restauration de la dignité algérienne.