Le groupe paie le prix de l'incompétence, reconnaît la mandataire de Abdelmoumen Rafik Khelifa. Deux jours après la désignation par la Banque centrale d'Algérie d'un administrateur provisoire auprès de sa filière bancaire, le groupe Khalifa a réagi officiellement et publiquement hier. Mandatée par Abdelmoumen Rafik Khelifa, Djaouida Djazaerli a donc organisé une conférence de presse au siège algérois de la chaîne de télévision, à Chéraga. La nouvelle directrice de KTV a paru décontractée, mais ferme, directe et concise dans ses réponses. A travers elle, le groupe veut rassurer ses employés et ses clients après ce sérieux revers. Un revers incontestable que Djaouida Djazaerli a dû reconnaître. “Nous payons aujourd'hui le prix de l'incompétence”, a-t-elle insisté, espérant voir les “règles de transparence et de rigueur imposées” à tous les opérateurs et les industriels. “Nous sommes sereins : cette décision de la Banque centrale d'Algérie est faite pour débloquer la situation, pas pour la compliquer. D'ailleurs, s'il y avait des risques de faillite, nous l'aurions dit et assumé,” a précisé Mme Djazaerli. La représentante de Khelifa a souligné vouloir “éviter les malentendus”, “faire taire les rumeurs” et “endiguer la panique entretenue”. Il est vrai que la désignation d'un administrateur provisoire auprès d'El Khalifa Bank, qui fait suite au blocage de ses transferts vers l'étranger, depuis le 27 novembre dernier, et l'arrestation, la semaine écoulée, de deux hauts gestionnaires du groupe à l'aéroport international d'Alger, coupaient l'empire de sa trésorerie, de ses fonds. Il courait forcément droit vers l'asphyxie. El Khalifa Bank perd ses pouvoirs de gestion et d'administration au profit de l'Etat via la Banque centrale. Celle-ci ayant noté “l'incapacité de management de la banque”. Djaouida Djazaerli avait l'air de prendre la décision plutôt avec satisfaction : “Nous savons qu'il n'y a aucune volonté de nuire des autorités bancaires ; sa décision est tout à fait légale. Cela nous permettra de repartir sur de bonnes bases.” Et pour repartir sur de bonnes bases, Khalifa devra assainir. L'assainissement semble avoir commencé puisque des changements ont d'ores et déjà été apportés à la tête de Khalifa Airways et d'El Khalifa Bank. Cet acte de “bonne volonté” suffira-t-il à rassurer ? Peut-être. Djaouida Djazaerli pense en tout cas que le groupe a les moyens, les compétences et la volonté de redresser la barre. Elle “compte sur tous les interlocuteurs algériens pour traiter le dossier avec responsabilité, calme et sérénité”. “On peut commettre des erreurs, on peut buter sur des incidents de parcours, mais au bout du compte, nous en sortirons fortifiés car nous sommes bien conscients de payer le prix de l'incompétence. Je vous demanderais seulement de ne pas prêter de liens politiques à notre affaire parce qu'elle n'en a pas de toute façon”, a-t-elle ajouté. Khalifa Airways devrait, selon l'envoyée spéciale de Abdelmoumen Rafik Khelifa, continuer à assurer ses dessertes “essentielles”. Elle a toutefois confirmé le retrait — qu'elle souhaite provisoire — de plusieurs appareils de la flotte en raison de la cessation du paiement de location, générée par la mise sous administration provisoire d'El Khalifa Bank. “D'ici à l'été prochain, nous espérons reprendre nos programmes de vols ordinaires et complets ; nos partenaires nous font confiance”, a-t-elle épilogué. A travers Djaouida Djazaerli, le groupe Khalifa tient aussi à indiquer qu'aucun plan social, dans l'ensemble de ses filiales, n'est à l'ordre du jour (“Ni licenciement, ni baisse de salaires”, etc.). L. B.