Ces attaques sont nées d'un pavé lancé par le secrétaire d'Etat français aux anciens combattants. Après la campagne calomnieuse visant l'Algérie dans la gestion du devenir des harkis, l'ambassadeur d'Algérie en France, Mohamed Ghoualmi, a vivement réagi dans une interview à Europe 1, en condamnant cette campagne qui se développe en France à propos du sort qui aurait été réservé au lendemain de l'indépendance aux harkis et aux supplétifs de l'armée française. D'emblée il a souhaité que «toute la vérité soit établie» sur la question des harkis et dénoncé les «chiffres absurdes» et les «données fausses», contenus dans le livre de Georges-Marc Benamou. Dans cet ouvrage, «un Mensonge français, retour sur la guerre d'Algérie», l'ancien directeur de la rédaction de Globe et de l'Evènement du jeudi s'émeut de l'abandon des harkis par la France gaulliste. Il estime à 70.000 le nombre de harkis «livrés, selon lui, au massacre du FLN». Une accusation que Hamlaoui Mechakra, secrétaire d'Etat aux anciens combattants, a reitéré dans un entretien accordé au journal Le Parisien en affirmant «que la France n'a pas fait tout ce qu'elle aurait dû faire pour protéger les harkis», à la fin de la guerre d'Algérie. Questionné sur la controverse consécutive à la publication du livre de Georges-Marc Benamou accusant le général De Gaulle d'avoir abandonné les harkis, M.Mekachera, avait déclaré à propos de la France: «Il leur a été proposé soit de rester dans l'armée, soit de rester en Algérie. Le FLN avait promis et ratifié qu'il ne leur arriverait rien. Il n'a pas tenu parole», observe le secrétaire d'Etat. «Mais la France aussi n'a pas fait tout ce qu'elle aurait dû faire pour protéger les harkis. Elle n'a pas été assez rigoureuse. A l'époque, nous avions les moyens d'obliger le FLN à respecter sa signature. Or, on n'a rien fait. Nous n'avons pas accompli notre devoir», dit-il. «Si les accords d'Evian avaient été respectés, il n'y aurait pas eu ce drame», ajoute M.Mekacher. De s que l'ambassadeur algérien ne nie pas mais «ce que je nie c'est qu'on impute ces massacres au FLN en plus des chiffres absurdes qui dépassent les effectifs des forces supplétives telles que donnés par l'armée française», a-t-il clamé sur les ondes de la radio où il répondait aux questions de Jean-Pierre Elkabbach. Afin de lever toute équivoque, l'ambassadeur d'Algérie a appelé à restituer «les choses dans leur contexte». Certes en 1962, la transition entre le système colonial et l'indépendance ne s'est pas faite de la façon la plus idéale. D'autant plus que le pays a connu, pendant un certain temps, une ‘'absence d'autorité'', période au cours de laquelle le s ont été commises. Sur ce point, Ghoualmi soutient que «si on aide les historiens à faire des investigations sur cette période cruciale, on se rendra compte que c'est dans les zones contrôlées par le FLN qu'il y a eu le moins d'exactions ou pas d'exaction du tout». «Le FLN a été jusqu'à protéger des centaines de harkis», a-t-il dit. Dans son réquisitoire il affirme que «des dizaines de milliers de harkis sont restés en Algérie après 1962, où ils se sont installés et ont même travaillé dans l'administration sans jamais avoir été inquiétés». Avant de lancer solennellement à l'opinion publique française qu'il n'y a «eu aucune forme d'ostracisme à l'encontre de leurs enfants qui ont toujours été libres de se rendre en Algérie et d'y circuler librement». M.Ghoualmi souligne en outre que l'Algérie est prête à contribuer à établir la vérité en ouvrant «ses institutions, ses archives et son état civil aux historiens».